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Une solution contre le jet lag pourrait se trouver dans la rétine de l'œil

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Des chercheurs anglais ont découvert que des cellules présentes dans la rétine affectaient directement l'horloge naturelle de l'organisme grâce à un mécanisme précis. Cette découverte permettrait d'élaborer des traitements à travers les yeux contre le décalage horaire.

Derrière le terme "jet lag" se trouve un phénomène que tout grand voyageur a déjà connu: le syndrome de désynchronisation, lié au décalage horaire par voyages transméridiens aériens. Avec un changement important de fuseau horaire, il est en effet difficile de trouver le sommeil correctement ou de respecter les nouveaux horaires de repas.

L'explication est liée à notre horloge biologique, qui gouverne les rythmes circadiens, responsables de nombreux processus physiologiques: rythme veille-sommeil, alimentation, température corporelle, activité cérébrale ainsi que certaines fonctions hormonales. Si des astuces existent pour prévenir le jet lag avant, pendant et après un voyage, aucune ne permet de l'éviter complètement.

C'est en s'intéressant de près aux mécanismes biologiques à l'origine de ce phénomène que des chercheurs de l'université d'Edimbourg, en Ecosse, auraient trouvé comment le surmonter. Dans une récente étude, ils remarquent que ce sont des cellules bien spécifiques, présentes dans la rétine de l'œil (une membrane qui tapisse le fond du globe oculaire) qui communiquent directement avec une région du cerveau.

Il s'agit du noyau suprachiasmatique (SCN), dont le rôle est de coordonner les rythmes circadiens en utilisant plusieurs molécules de signalisation. Cette propre population de cellules présentes dans la rétine parvient à s'adresser à cette région du cerveau à travers une molécule spécifique, la vasopressine, l'une de ces molécules.

Une nouvelle voie pharmacologique

Jusqu'ici, il était établi que des changements de niveaux de lumière étaient détectés par les yeux qui envoient des signaux à cette région du cerveau, mais ce processus n'était pas entièrement clair. L'étude, réalisée sur des rats, montre pour la première fois que des cellules rétiniennes spécifiques contrôlent les niveaux de vasopressine.

À l'aide d'une série de tests, les chercheurs ont démontré que les cellules exprimant la vasopressine dans la rétine étaient bien directement impliquées dans la régulation des rythmes circadiens. Les scientifiques estiment que cette découverte ouvre la voie à de nouveaux traitements pour aider à restaurer les rythmes circadiens perturbés.

"Nos résultats montrent une voie pharmacologique potentiellement nouvelle pour manipuler notre horloge biologique interne. Des études à l'avenir sur les moyens d'altérer la signalisation de la vasopressine dans l'œil pourraient conduire à des gouttes oculaires pour éliminer le décalage horaire, bien que nous en soyons encore loin", explique le professeur Mike Ludwig.

Outre le voyage, ces nouvelles possibilités thérapeutiques seraient notamment destinées aux personnes dont le travail implique un décalage horaire constant.

Alexandra Bresson