BFMTV
Santé

"Une expérience traumatisante": la bronchiolite, hantise des parents à l'approche de l'hiver

Quelque 50.000 nourrissons ont été infectés par la bronchiolite l'hiver dernier en France, dont un tiers a dû passer par les hôpitaux surchargés. À quelques semaines dans l'entrée dans l'hiver, des parents inquiets confient à BFMTV.com leur hantise à l'idée que leur progéniture ne l'attrappe.

"Ce sont des images si pénibles que j'ai encore du mal à me les sortir de la tête aujourd'hui". Lucie Andrane ne risque pas d'oublier cette semaine de novembre 2022 où sa fille de seulement 2 mois a été infectée par la bronchiolite. En pleine épidémie saisonnière l'an dernier, la petite Leyana a dû être hospitalisée une semaine à l'hôpital de Saint-Quentin (Aisne) pour détresse respiratoire.

"C'était une période horrible, je pleurais énormément", se souvient la jeune mère de 22 ans. "J'ai cru que j'allais perdre ma fille, tout simplement. Je peux vous dire qu'il n'y a rien de pire que quand les médecins viennent vous voir en pleine nuit pour vous dire que 'l'état de votre enfant se dégrade rapidement'".

"Son thorax se creusait pour essayer de respirer"

La bronchiolite "est une expérience traumatisante pour les parents comme pour les enfants", confirme le Dr Aurel Guedj, médecin urgentiste à l'hôpital Ambroise-Paré (AP-HP). Analyse des gaz du sang, masque à oxygène sur le visage de bébé... Lucie Andrane a encore à l'esprit les images de son bébé en train de lutter pour respirer.

"C'est impressionnant à voir. Son petit thorax se creusait péniblement pour essayer de respirer. Pour une maman c'est très douloureux à voir... presque insupportable".

Depuis, la crainte que sa fille (âgée d'un an aujourdhui) puisse être à nouveau contaminée par la bronchiolite "ne quitte plus" la mère de famille. "Je fais hyper attention. L'hiver quand quelqu'un est malade, je ne veux plus qu'on l'approche", raconte-t-elle. "J'évite même le plus possible de l'emmener dans les magasins où il y a des tas de virus qui traînent".

Comme elle en ce début d'année scolaire, de nombreux parents redoutent l'arrivée de l'hiver après une saison hivernale 2022 sans précédent, qui a laissé les services hospitaliers sur les rotules. L'an dernier, la bronchiolite aïgue avait nécessité plus de 26.000 hospitalisations après un passage aux urgences chez les enfants de moins de deux ans, selon les services d'urgences.

La peur de devoir affronter des hôpitaux saturés

"C'est sûr que ma peur est renforcée par le fait qu'on entend partout que l'état des services de santé se dégrade", ajoute la jeune femme, qui avait déjà assisté aux tensions des services pédiatriques lors de son passage l'an dernier.

Ces images de services hospitaliers surchargés et d'enfants transférés aux quatre coins de la France, qui ont beaucoup circulé dans la presse et à la télévision, ont marqué de nombreux parents. Certains, comme Léonie Deboes, ont même développé une sorte de "phobie" de la bronchiolite, bien que leur enfant ne l'ait encore pas eue.

"Les reportages que j'ai vu l'année dernière étaient si anxiogènes que depuis qu'elle est née, j'ai très peur que ma fille ne l'attrappe un jour", témoigne cette mère de 23 ans, qui vit près de Dunkerque (Nord).

Pauline Picq, elle, s'inquiète car son accouchement est prévu pour le mois de janvier, en pleine saison hivernale. Et pour cause, son fils de trois ans (asthmatique) a attrapé la bronchiolite à huit reprises l'année passée. "Ce n'est pas ce qui me fait peur", confie toutefois cette habitante de Misy-sur-Yonne (Yonne), qui "sait désormais reconnaître les premiers symptômes de la bronchiolite".

Un traitement préventif déployé cet hiver

Son appréhension est plutôt liée au fait que son deuxième enfant sera encore un tout jeune nourrisson cet hiver, alors que l'épidémie risque de battre son plein à l'échelle nationale. "Petit comme ça, ça me fait un peu plus peur", confie-t-elle. "On a toujours peur qu'il y ait un problème, qu'il ne puisse pas être pris en charge par exemple".

Nathalie Gomez, elle, a même pris une mesure plus radicale l'an dernier, pour éviter de prendre de tels risques avec son fils Noha, alors âgé de trois mois et demi. En plein milieu de l'épidémie nationale l'année dernière, cette Martiniquaise de 29 ans a décidé d'annuler un voyage (pourtant prévu de longue date) en métropole en voyant que le nombre de cas explosait sur le territoire.

"On a attendu que l'épidémie se calme", témoigne cette ingénieure en génie civil de 29 ans, dont le fils avait été hospitalisé pour détresse respiratoire à cause de la bronchiolite au mois d'octobre, soit deux mois avant le voyage.

"Nous devions partir au mois de décembre mais pour moi ça n'était pas envisageable, je ne me voyais pas prendre le risque qu'il ne l'attrape encore. C'était devenu ma hantise. C'est quand même quelque chose de costaud, surtout quand ils sont petits comme ça", raconte-t-elle encore, marquée elle aussi par les images de son bébé "affaibli, "branché de partout" et "incapable de manger pendant des jours".

En France, on estime que la bronchiolite touche chaque hiver près de 30% des nourrissons de moins de deux ans -soit environ 480.000 cas par an- et 2 à 3% des nourrissons de moins d'un an sont hospitalisés pour une bronchiolite sévère. Cette année cependant, un traitement préventif destiné aux nouveau-nés, le Beyfortus (Sanofi/AstraZeneca), est disponible depuis la mi-septembre mais victime de son succès.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV