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Santé

Une étude française montre qu'il est possible de répondre aux sollicitations extérieures en dormant

Une femme dort (illustration)

Une femme dort (illustration) - AFP

Des chercheurs de l'Inserm, du CNRS ou encore de l'AP-HP ont publié ce jeudi 12 octobre une étude qui montre des dormeurs sans troubles particuliers sont capables de capter des informations verbales transmises par une voix humaine, et d’y répondre par des contractions des muscles du visage.

Une étude qui pourrait remettre en question la définition du sommeil. Des chercheurs de l'Inserm, du CNRS, de Sorbonne Université et de l'AP-HP ont publié ce jeudi une étude dans la revue Nature Neurosciences qui montre que nous sommes capables de répondre aux sollicitations extérieures tout en dormant.

Selon les recherches, des dormeurs sans troubles particuliers sont capables de capter des informations verbales transmises par une voix humaine et d'y répondre par des contractions des muscles du visage. Ces capacités se manifestent toutefois de manière intermittente durant presque tous les stades du sommeil.

Il y aurait donc des états intermédiaires entre la veille et le sommeil. Pour le savoir, les chercheurs ont analysé 22 patients sans troubles du sommeil et 27 patients narcoleptiques, qui sont plus souvent aptes à faire des rêves lucides (dans lesquels ils sont conscients et peuvent façonner le scénario).

Un test pendant la sieste

"L'une de nos précédentes études avait montré qu’une communication à double-sens, de l’expérimentateur vers le rêveur et vice-versa, est possible au cours du sommeil paradoxal lucide, a précisé Delphine Oudiette, chercheuse à l’Inserm en neurosciences cognitives dans un communiqué. À présent, nous souhaitions savoir si ces résultats pouvaient être généralisés à d’autres stades de sommeil et chez les individus qui ne font pas de rêves lucides."

Pour ce faire, les participants ont fait une sieste au cours de laquelle les chercheurs énonçaient une série de vrais mots et de mots inventés, qui devaient soit provoquer un froncement de sourcils, soit un sourire, pour les classer. Au réveil, les patients devaient ensuite rapporter s'ils avaient fait un rêve lucide et s'ils se souvenaient d'avoir interagi avec quelqu'un.

"La plupart des participants, qu’ils soient narcoleptiques ou non, ont réussi à répondre correctement aux stimuli verbaux tout en restant endormis. Ces événements étaient certes plus fréquents lors des épisodes de rêve lucide, caractérisés par un haut niveau de conscience; mais nous les avons observés ponctuellement dans les deux groupes, au cours de toutes les phases du sommeil", a alors révélé Isabelle Arnulf, cheffe du service des pathologies du sommeil de l’Hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP.

Les recherches se poursuivent et pourraient permettre d'être exploitées pour améliorer des troubles du sommeil ou favoriser les apprentissages par exemple. Elles pourraient également remettre en question la définition même du sommeil - une période durant laquelle le corps et l'esprit sont en repos - puisqu'il pourrait être beaucoup plus actif qu'on ne le pensait.

Théo Putavy