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Santé

Une étude étrille les promesses "sans preuves scientifiques" des laits infantiles

L'OMS pointe aussi les arguments marketing des industries de lait infantile.

L'OMS pointe aussi les arguments marketing des industries de lait infantile. - Fred Dufour - AFP

Une étude publiée mercredi dans le BMJ souligne que les arguments de santé vantés par les laits artificiels pour bébés ne sont souvent pas étayés. Les auteurs demandent des emballages neutres.

La grande majorité des arguments de santé vantés par les laits artificiels pour bébés n'ont "pas ou peu de preuves scientifiques", selon une étude publiée mercredi dans le British Medical Journal, dont les auteurs réclament des emballages neutres pour ces produits.

La publication de cette étude survient une semaine après une série d'articles parus dans la revue scientifique The Lancet qui appellent à durcir la réglementation imposée aux industriels des préparations pour nourrissons. Les industriels y sont accusés d'un marketing "prédateur" exploitant les craintes des nouveaux parents pour les convaincre de ne pas allaiter.

Les autorités sanitaires - dont l'Organisation mondiale de la santé - recommandent de privilégier l'allaitement maternel, en raison de ses avantages pour la santé des bébés. L'OMS déplore d'ailleurs également que "le marketing inapproprié des substituts du lait maternel continue de saper les efforts visant à améliorer les taux et la durée de l'allaitement maternel dans le monde entier".

Un marketing "inapproprié"

Daniel Munblit, maître de conférences honoraire à l'Imperial College de Londres et coauteur de l'étude parue dans BMJ, se défend de toute "croisade" des chercheurs contre les laits artificiels, qui doivent rester une option pour les mères ne pouvant ou ne souhaitant pas allaiter.

"Mais nous sommes fortement opposés à un marketing inapproprié sur les préparations pour nourrissons, lorsque celui-ci fournit des allégations trompeuses non étayées par des preuves solides", déclare Daniel Munblit à l'AFP.

Le scientifique et une équipe internationale de chercheurs ont examiné les arguments de santé mis en avant pour 608 produits sur les sites des fabricants de préparations pour nourrissons dans quinze pays, dont les États-Unis, l'Inde, le Royaume-Uni et le Nigeria. La France n'en fait pas partie.

Peu de références scientifiques

Les arguments de vente mettent en avant des bienfaits pour le développement du cerveau du bébé, le renforcement du système immunitaire et la croissance. Mais la moitié des produits visés ne liaient pas le bénéfice pour la santé revendiqué à un ingrédient spécifique, selon l'étude publiée jeudi. Et trois quarts de ces produits ne mentionnent aucune référence scientifique attestant de ces bienfaits supposés.

Seuls 14% des produits ont fait l'objet d'essais cliniques enregistrés sur des humains. Cependant, 90% de ces essais présentaient un risque élevé de biais, comme par exemple des données manquantes ou des découvertes ne soutenant pas véritablement l'argument de vente mis en avant, selon l'étude.

Et surtout, pour 90% des essais cliniques, les auteurs recevaient un financement ou avaient des liens avec l'industrie, est-il ajouté.

S.C avec AFP