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Santé

Une consommation élevée de charcuterie aggrave les symptômes de l'asthme

Les produits carnés transformés comme la charcuterie font référence à la viande qui a été transformée pour rehausser sa saveur ou améliorer sa conservation.

Les produits carnés transformés comme la charcuterie font référence à la viande qui a été transformée pour rehausser sa saveur ou améliorer sa conservation. - iStock - nschatzi

Déjà connue pour favoriser certains cancers si elle est consommée en trop grande quantité, la charcuterie aggraverait les symptômes de l'asthme, selon des chercheurs qui l'associent également à un gain de poids pouvant constituer un autre facteur de risque.

C'est une nouvelle mise en garde qui confirme de précédentes études menées sur le sujet. Il est de plus en plus connu que la consommation de viande rouge, et notamment de viande transformée comme la charcuterie, doit être limitée car l'OMS a classé la première comme "probablement cancérogène pour l’homme (Groupe 2A)" et la deuxième comme "cancérogène pour l’homme (Groupe 1)".

En cause notamment, un risque plus important de cancer colorectal (50 grammes de viande par jour accroît le risque de 18%), de cancer du pancréas et du cancer de la prostate. Enfin, la consommation de charcuterie favoriserait également une augmentation du risque de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), une maladie respiratoire chronique due à une obstruction progressive des voies aériennes.

Une étude de chercheurs de l'Inserm*, dont les résultats préliminaires avaient déjà été dévoilés, associe cette fois une consommation élevée de charcuterie (au moins quatre fois par semaine) à une aggravation des symptômes de l'asthme au cours du temps. Pour en venir à cette conclusion, les chercheurs ont suivi pendant sept ans 1000 participants membres de l'étude EGEA**.

Plus les portions sont nombreuses, plus le risque augmente 

Au cours de cette période, 20% des participants ont rapporté une aggravation de leurs symptômes d'asthme. Cette inflammation des bronches se manifeste le plus souvent par une respiration sifflante, une toux sèche et une sensation d’étouffement ou de poids sur la poitrine, même si les symptômes varient d'un asthmatique à l'autre.

Afin d’en comprendre les raisons, les chercheurs de l’Inserm se sont intéressés à leur régime alimentaire et à l'impact de ce dernier sur l'indice de masse corporelle (IMC) des patients, connu pour constituer un facteur de risque dans la survenue de l'asthme. Après avoir pris en compte ce paramètre pour ajuster les résultats, ces derniers montrent que seulement 14% de l’association asthme/charcuterie était expliqué par l’obésité.

Les conclusions de l'étude, publiées dans la revue Thorax, montrent aussi que parmi ceux qui ont mangé une portion de viande transformée ou moins par semaine, la proportion des participants dont les symptômes de l'asthme se sont aggravés était de 14%. Parmi ceux qui mangeaient une à quatre portions par semaine, la proportion était de 20%, et elle était de 22% parmi ceux qui mangeaient quatre portions ou plus.

Quelles sont les recommandations en France?

En clair, cette mauvaise habitude provoque non seulement un effet direct sur les symptômes de l'asthme, mais aussi un effet indirect en raison de l'augmentation de l'IMC qu'elle entraîne. 

"Ces résultats élargissent l’effet direct de l’alimentation sur l’asthme chez les adultes. Afin de préserver la santé respiratoire des populations, il conviendrait de mettre en place rapidement des messages de santé publique visant à limiter la consommation de charcuterie", explique Zhen Li, coauteur des travaux.

Un message de prévention qui va dans le sens de celui de l'Anses*** qui recommande dans ses dernières actualisations nutritionnelles de ne pas consommer plus 25 grammes de charcuterie et pas plus de 70 grammes de viande par jour.

*Institut national de la santé et de la recherche médicale
**Etude épidémiologique des facteurs génétiques et environnementaux de l’asthme, l’hyperactivité bronchique et l’atopie.
***Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail

Alexandra Bresson