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Santé

Un nouveau facteur pour lutter contre la perte de masse musculaire

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- - iStock - Wavebreakmedia

Des chercheurs français ont découvert un potentiel intérêt thérapeutique à une hormone fabriquée par les intestins. Le facteur de croissance des fibroblastes 19 (FGF19) serait capable d’accroître la masse musculaire chez la souris, et donc de traiter la fonte de masse musculaire.

La réduction de la masse musculaire est un processus fréquemment associé au vieillissement, mais pas seulement. Elle est également observé dans plusieurs maladies chroniques (obésité, cancer, insuffisance rénale), ainsi qu’en situation d’immobilisation (accidents, périodes post-opératoires) ou lors de séjours en apesanteur (spationautes).

Un état qui impacte fortement la qualité de vie puisque, outre une baisse progressive de la force musculaire, il peut aussi provoquer une diminution de l'activité physique, un risque accru de chutes et de fractures et une perte importante de la qualité de vie. Des chercheurs du laboratoire CarMeN* à Lyon (Inserm/Inra), en collaboration avec des chercheurs du Département de Biologie de l’Université de Bergen (Norvège) ont trouvé comment empêcher ce processus, grâce à notre propre corps.

Leur étude publiée dans la revue "Nature Medicine" affirme qu’une hormone fabriquée par l’intestin appelée facteur de croissance des fibroblastes 19 (FGF19), est capable d’accroître la masse musculaire chez la souris et d’augmenter la taille des cellules musculaires humaines en culture. Ils ont également montré que le FGF19 protège de la perte de masse musculaire dans différents modèles expérimentaux chez la souris.

La taille des fibres musculaires augmente

Le facteur de croissance des fibroblastes 19 (FGF19), est une entérokine (une hormone secrétée par l’intestin) connue pour agir sur le métabolisme des acides biliaires dans le foie. Elle est aussi capable de cibler d’autres tissus et d’exercer un rôle de régulateur du glucose et de l’homéostasie des lipides, un processus de régulation par lequel l'organisme maintient les différentes constantes de l'ensemble des liquides de l'organisme entre les limites des valeurs normales.

Les chercheurs étudiaient en premier lieu son intérêt thérapeutique potentiel pour traiter des maladies métaboliques telles que le diabète de type 2 et l’obésité. Mais ils ont découvert que des souris traitées avec du FGF19 durant sept jours prennent moins de poids et de tissus adipeux alors qu’elles mangent davantage que des souris non traitées. En revanche, la masse des muscles squelettiques et la force musculaire des animaux traités sont augmentées, identifiant ainsi pour la première fois une nouvelle fonction du FGF19.

Un effet "hypertrophique" qui est la conséquence de l'augmentation de la taille des fibres musculaires, et ce indépendamment de leur type. Les chercheurs ont ensuite voulu démontrer le potentiel thérapeutique du FGF19 en cas de diminution de la masse musculaire. Différents modèles de souris présentant une diminution de la masse musculaire ont été utilisés, dont des animaux traités avec un corticostéroïde, un modèle de souris génétiquement obèse et des souris âgées.

Dans chacun de ces modèles, ils ont mis en évidence la capacité d’un traitement par le FGF19 à préserver ou augmenter la masse et la force musculaire. "Ceci montre pour la première fois l’intérêt du FGF19 pour lutter contre la fonte musculaire, mais potentiellement aussi en agronomie pour augmenter la masse musculaire des animaux d’élevage", concluent Hubert Vidal et ses collaborateurs. Ces derniers envisagent la mise en place d’études cliniques pour valider ces observations chez l’homme.

*"Recherche en Cardiovasculaire, Métabolisme, Diabétologie et Nutrition"

Alexandra Bresson