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Santé

Un médicament contre le paludisme pourrait traiter le cancer du cerveau

La chloroquine est un antipaludique qui pourrait servir dans d'autres domaines médicaux.

La chloroquine est un antipaludique qui pourrait servir dans d'autres domaines médicaux. - iStock - mrtom-uk

Des chercheurs ont découvert qu'une molécule utilisée contre le paludisme pouvait aussi s'avérer d'une grande aide pour augmenter l'efficacité des traitements contre le glioblastome, une forme de cancer du cerveau très agressive et parfois résistante aux médicaments.

A l'âge de 21 ans, Lisa Rosendahl s'est fait diagnostiquer un glioblastome, un cancer du cerveau, après qu'un examen médical a révélé la présence d'une masse. Cinq ans plus tard, sa pathologie est devenue résistante à la chimiothérapie, à la radiothérapie et aux traitements médicaux ciblés. Alors que les médecins ne lui donnaient plus que quelques mois à vivre, des chercheurs de l'University of Colorado Cancer Center ont eu l'idée d'ajouter une nouvelle molécule à son traitement.

Il s'agit de la chloroquine, qui appartient à la classe des médicaments appelés antipaludéens, utilisée pour la prévention et le traitement du paludisme, ou malaria. Cette nouvelle combinaison de médicaments a permis de stabiliser le cancer de Lisa Rosendahl, ce qui a permis d'augmenter sa durée de vie. Plus précisément, l'ajout de la chloroquine à sa thérapie a permis de faire en sorte que les cellules cancéreuses soient de nouveau sensibles au traitement de base qui avait cessé de se montrer efficace.

Quatre semaines plus tard, la patiente pouvait de nouveau utiliser ses bras et ses jambes; deux autres patients traités avec ce même procédé ont également montré une amélioration de leur cas. Ce médicament n'agit pas en détruisant les cellules cancéreuses, mais en inhibant un mécanisme naturel chez ces dernières qui s'appelle l'autophagie.

"Rétablir une lutte tumorale efficace"

L'autophagie, du grec "se manger soi-même", est un processus cellulaire qui se caractérise par le fait que les cellules se mangent elles-mêmes pour se recycler et survivre. Certains cancers l'utilisent pour se protéger contre les traitements. "Nous émettons l'hypothèse qu'en ciblant ce processus sur lequel les cellules tumorales reposent, il peut être possible de surmonter cette résistance et de rétablir ainsi une lutte tumorale efficace", expliquent les chercheurs.

En d'autres termes, sachant que la tumeur de Lisa Rosendahl était dépendante de l'autophagie et que les traitements traditionnels n'apportaient aucun résultat, ils ont ajouté la chloroquine à sa thérapie pour stopper ce processus cellulaire. Parallèlement, les médecins ont continué à lui administrer le traitement destiné à vaincre ce cancer précis, le vemurafenib, qui a de nouveau fait effet: le cancer est devenu plus petit.

Une thérapie qui peut s'appliquer à d'autres cancers

"C'est vraiment excitant, parfois vous ne voyez pas ce genre de réponse avec un traitement expérimental", souligne Jean Mulcahy-Levy, principal auteur de l'étude. Bien que toujours malade, Lisa Rosendahl peut désormais se déplacer en fauteuil roulant, et estime avoir une meilleure qualité de vie. Les chercheurs veulent maintenant savoir si le fait de combiner l'inhibition de l'autophagie, grâce à la chloroquine, avec des traitements ciblés peut avoir des avantages au-delà du glioblastome.

Comme la chloroquine présente l'avantage de bénéficier de l'approbation de la Food and Drug Administration (FDA) en tant que traitement sûr et efficace contre le paludisme et d'être peu coûteuse, il serait possible de l'utiliser rapidement à plus grande échelle. Celle-ci peut être testée sur un plus grand échantillon de glioblastome mais aussi sur d'autres types de tumeurs cérébrales et éventuellement sur d'autres sites de cancer dont les cellules dépendent de l'autophagie.

Cette nouvelle thérapie, si elle est approuvée, permettrait en outre de réduire le temps entre la découverte d'un cancer de ce type chez un patient et la capacité des médecins à mettre en place un traitement efficace contre ce dernier.

Alexandra Bresson