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Un malade chronique sur six discriminé au travail: la Défenseure des droits évoque un "déni collectif"

Un tensiomètre dans un cabinet de médecin (photo d'illustration)

Un tensiomètre dans un cabinet de médecin (photo d'illustration) - Philippe Huguen - AFP

La Défenseure des droits alerte sur le "déni" des discriminations subies au travail par les personnes qui souffrent de maladies chroniques.

Les malades chroniques souvent stigmatisés et discriminés au travail. C'est ce que dénonce le 16e baromètre sur les discriminations dans l'emploi publié chaque année par la Défenseure des droits, Claire Hédon, qui déplore "un déni collectif".

Selon cette enquête, en France, environ une personne sur six atteinte de maladie chronique a déjà été confrontée, dans le cadre de sa vie professionnelle, à une discrimination ou du harcèlement discriminatoire en raison de son état de santé ou de son handicap. À titre de comparaison, cela concerne 3% du reste de la population active.

La maladie chronique est défini comme une affection de longue durée, souvent associée à une invalidité ou des complications. Parmi celles-ci: des maladies non transmissibles comme le diabète, le cancer, l'asthme, mais aussi des maladies transmissibles persistantes (VIHSida, hépatites), des maladies mentales ou psychiques (psychoses, dépression, anxiété chronique) ou encore des maladies cardio-vasculaires, sclérose en plaques, polyarthrites rhumatoïdes ou maladies rares (mucoviscidose, myopathies).

Le baromètre assure également que les personnes ayant une maladie visible ont trois fois plus de risques d'avoir été confrontées à ce type de situation. Pire: plus d'une personne malade sur deux déclare avoir déjà vécu une situation de harcèlement moral dans l'emploi.

La peur de répercussions négatives

En France, depuis 2005, la maladie chronique est pourtant reconnue comme un handicap. Les personnes atteintes d'une maladie chronique peuvent ainsi bénéficier d'une protection juridique. Mais "seule une minorité de personnes font les démarches pour obtenir une reconnaissance administrative de la qualité de travailleur handicapé (RQTH)", regrette la Défenseure des droits.

Les employeurs, privés comme publics, sont tenus à une obligation "d'aménagement raisonnable" à l'égard des travailleurs en situation de handicap ou atteints de maladie chronique. Mais d'après le baromètre, 29% des salariés concernés ne bénéficient pas de cet aménagement. "Et dans près d'un tiers des cas, l'employeur ne suit pas les préconisations de la médecine du travail", pointe encore le rapport.

Une situation qui pousse au silence: seule la moitié des malades ont informé leur employeur ou supérieur hiérarchique de leur état de santé. Et parmi ceux qui ne l'ont pas fait, quatre sur dix déclarent avoir peur des répercussions négatives (sanctions, mesures de représailles ou crainte d'une redistribution des tâches sur d'autres collègues) que cela pourrait avoir.

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV