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Santé

Un chercheur français s’est penché sur le cerveau des pédophiles

Quarante patients pédophiles ont pris part à une étude sur le cerveau.

Quarante patients pédophiles ont pris part à une étude sur le cerveau. - Anne-Christine Poujoulat - AFP

Une équipe de chercheurs français mène depuis 2011 une étude sur les cerveaux de personnes pédophiles. L’analyse du cerveau de quarante patients pédophiles par imagerie médicale devrait être connue à la fin de l’année.

Le cerveau des pédophiles fonctionne-t-il différemment? Serge Stoléru, chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a étudié 40 patients par neuro-imagerie fonctionnelle. Une technique qui combine l’IRM fonctionnelle et la tomographie (une forme d’imagerie en trois dimensions). L’objectif est de découvrir si des régions particulières s’activent dans le cerveau des pédophiles.

Le chercheur, interrogé par Rue89, s’attend à voir "s’activer chez le pédophile, en réponse à des enfants, le réseau ou l’ensemble des régions qui s’activent lors de l’excitation sexuelle chez les personnes sans problèmes cliniques en réponse à des adultes".

Pour procéder à l’étude, l’équipe de l’Inserm a étudié le cerveau de 40 pédophiles et de 40 personnes témoins. A chaque patient pédophile était associé un témoin du même âge avec la même orientation sexuelle, par exemple "attirance sexuelle vers les fillettes pour le patient, vers les femmes adultes pour le témoin", explique le chercheur. Des images étaient ensuite présentées et notamment des images d’enfants en maillot de bain.

"Prévenir le passage à l'acte"

L’étude pourrait aussi révéler l’activation ou la désactivation de "certaines régions du cerveau tout à fait inattendues". Serge Stoléru justifie le fait de s’intéresser à cette population par "une façon de prévenir le passage à l’acte et la souffrance mentale chez l’enfant victime d’actes pédophiles puis chez la personne qu’il devient". Car le chercheur l’affirme, "une partie des personnes qui présentent une pédophilie souffrent authentiquement".

D’autres pays ont déjà mené des études scientifiques sur le sujet. Une équipe canadienne a d’ores et déjà montré des différences au niveau des câbles neuronaux du cerveau entre un sujet pédophile et un sujet non pédophile.

Toutefois, pour le professeur Serge Stoléru, le résultat de son étude ne permettra sans doute pas de parvenir à une thérapie médicamenteuse. "Mais savoir tout cela peut aider à un niveau psychothérapique", espère-t-il. En attendant le chercheur milite pour davantage de prévention, comme en Allemagne, qui a ouvert plusieurs centres qui proposent des prises en charge et une forme de thérapie.

C. B