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Santé

Tubes de Sras perdus: Touraine et Hamon s'en mêlent

En avril, l'Institut Pasteur avait communiqué sur la perte de 2.300 échantillons contenant des fragments de virus Sras.

En avril, l'Institut Pasteur avait communiqué sur la perte de 2.300 échantillons contenant des fragments de virus Sras. - -

Quelque 2.300 tubes contenant des fragments de virus Sras ont disparu de l'Institut Pasteur en avril dernier. A la suite d'une inspection du laboratoire, Marisol Touraine et Benoît Hamon ont cosigné une note révélant de nombreuses anomalie.

Le 12 avril dernier, l'Institut Pasteur a communiqué la perte de 2.300 tubes contenant des fragments du virus Sras (syndrome respiratoire aigu sévère). Pasteur y faisait état d'un "défaut de traçabilité sur certains échantillons". Une négligence qui a provoqué la colère de deux ministres, Benoît Hamon et Marisol Touraine.

Ce mardi, le site d'investigation Mediapart (lien payant) révèle que, sitôt le communiqué publié, une inspection inopinée de l'ANSM, l'Agence nationale de sécurité du médicament, a eu lieu dans le laboratoire où les échantillons étaient en théorie stockés. Et qu'après celle-ci, une note confidentielle cosignée de la ministre de la Santé et du ministre de la Recherche de l'époqur (Benoît Hamon est désormais ministre de l'Education) énumère toute une série d'anomalies dans la procédure de stockage des échantillons.

Anomalies en série

Dans son communiqué, Pasteur ne laisse pas comprendre comment les tubes ont pu se volatiliser. La liste de négligences dressée par Marisol Touraine et Benoît Hamon montre que les hypothèses peuvent être multiples: "Forte probabilité de destruction non ordonnée par les responsables et sans traçabilité, listes des personnes habilités initialement non disponibles, congélateurs non sécurisés, absence de vidéosurveillance", entre autres.

Plus préoccupant, le laboratoire où les tubes étaient censés être stockés est classé P3, c'est-à-dire de haute sécurité. Un lieu "où l'on manipule des micro-organismes et des toxines qui peuvent être très dangereux", écrit Mediapart.

Tous les labos de haute sécurité inspectés

La note ministérielle révèle que l'ANSM a pris, après inspection, "une décision (...) de suspension de l'habilitation de ce laboratoire". Et que les deux ministres ne comptent pas s'arrêter là, puisque le document, adressé à l'inspecteur général des affaires sociales et à l'inspecteur général de la recherche, les charge de "contrôler l'ensemble des laboratoires de haute sécurité de l'Institut Pasteur". Un rapport est attendu fin mai.

Le Sras, dû à un coronavirus, est responsable d'une épidémie mondiale qui a tué 774 personnes en 2003. Les échantillons perdus, précise Mediapart, étaient sous la responsabilité du Centre national de référence des virus influenzae (grippes), qui les avait recueillis au moment de l'épidémie afin de dépister d'éventuels patients infectés par le Sras.

M. T.