BFMTV
Santé

Tuberculose: quels sont les risques en France?

La tuberculose est une maladie infectieuse due au bacille de Koch, le plus souvent pulmonaire.

La tuberculose est une maladie infectieuse due au bacille de Koch, le plus souvent pulmonaire. - iStock - anyaberkut

A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, Santé publique France publie de nouvelles données qui montrent une poursuite de la baisse du nombre de cas en France. Il convient cependant de continuer à suivre l’évolution de son incidence, notamment dans les prochaines générations d’enfants à la suite de nouvelles modalités de vaccination par le BCG.

La tuberculose est encore aujourd’hui la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde enregistrant 1,8 million de décès en 2015. La Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, célébrée chaque année le 24 mars, est l’occasion de sensibiliser au fardeau que représente cette maladie dans le monde et de faire le point sur les efforts de prévention et de soins.

C’est aussi l’occasion de connaître le nombre de cas en France, pays où la tuberculose est une maladie toujours présente et à déclaration obligatoire depuis 1964. Dans un numéro spécial du bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), Santé Publique France indique néanmoins une baisse du nombre de cas déclaré en 2015. La tuberculose est une maladie due à un bacille (mycobactérie du complexe tuberculosis) qui atteint le plus souvent les poumons (tuberculose pulmonaire) mais qui peut atteindre d’autres organes (tuberculose extrapulmonaire).

La transmission se fait par voie aérienne, par dispersion de gouttelettes de sécrétions bronchiques, à partir d’un malade contagieux, particulièrement lorsqu’il tousse. Les chiffres de l'année 2015 montrent que le nombre de cas déclarés continue de baisser, avec une incidence qui reste faible en France: ils sont au nombre de 4 741, dont 205 (4,3%) ont été déclarés dans les DOM. Soit 7,1 cas pour 100 000 habitants, comparés à 7,3 cas pour 100 000 habitants en 2014.

Le BCG n'est plus obligatoire mais recommandé

Comme les années précédentes, les taux de déclaration de la maladie restent plus élevés en Guyane (18,3/100 000), en Ile-de-France (14,5) et à Mayotte (25,9). "En dehors de ces trois régions, le taux de déclaration était inférieur à 8 cas pour 100 000 habitants", précise le BEH. Outre les disparités territoriales Santé Publique France indique qu'elles le sont également au niveau populationnel car les taux de déclaration sont particulièrement élevés chez les personnes sans domicile fixe (167 cas/100 000 habitants) et celles nées à l’étranger (35 cas/100 000 habitants).

L'étude s'intéresse également aux données relatives à la vaccination BCG de l’enfant, l’un des moyens de prévention contre la maladie. En 2007, l’obligation vaccinale a été remplacée par une recommandation de vaccination des enfants les plus exposés à la tuberculose (avec des antécédents familiaux, des conditions de logement défavorables). Quel impact cette suspension de l'obligation vaccinale a-t-elle eu? Pas d'incidence négative, selon Santé Publique France.

"Le nombre de cas de tuberculose maladie déclarés en France chez les enfants nés après 2006 est inférieur chaque année (sauf en 2008 et 2014) au nombre de cas chez les enfants de la même tranche d’âge en 2005, lorsque la vaccination était faite chez tous les enfants par le Monovax et que la couverture vaccinale par le BCG était supérieure à 95%", indique l'agence sanitaire.

Cette baisse globale est le reflet d’une diminution du nombre de cas en Île-de-France et d’une hausse hors Île-de-France, "où on note une forte proportion de cas éligibles à la vaccination et non vaccinés", affirme Santé Publique France qui note un nombre de formes graves qui reste généralement faible chez les enfants nés après 2006. Celle-ci s'inquiète cependant d'une baisse importante de la couverture vaccinale en raison de nombreux témoignages de praticiens qui font état d'une insuffisance d’approvisionnement en vaccin BCG.

Le pays concerné par la résistance aux antituberculeux

Par ailleurs, cette baisse de l’incidence constatée chaque année n'a pas que du bon puisque qu'elle entraînerait "une baisse de l’expertise sur la tuberculose". Mais la vigilance reste surtout de mise sur un phénomène qui inquiète de plus en plus les autorités sanitaires mondiale: la résistance aux antituberculeux, et plus généralement aux antibiotiques. En effet, la tuberculose peut aujourd’hui être traitée et guérie grâce à des associations d’antibiotiques administrés au moins 6 mois, parfois plus longtemps. 

En général, il s’agit de quatre antibiotiques différents à prendre tous les jours pendant deux mois, puis deux antibiotiques à prendre tous les jours pendant quatre mois. Mais comme l'indique l'Organisation Mondiale de la Santé, une résistance peut apparaître si les médicaments antituberculeux ne sont pas utilisés comme il faut du fait de prescriptions incorrectes de la part des professionnels de la santé, de médicaments de mauvaises qualité ou des patients qui interrompent prématurément leur traitement.

"Il existe de plus en plus de souches multirésistantes, c’est-à-dire devenues insensibles à plusieurs médicaments, dont au moins les deux plus efficaces (isoniazide et rifampicine). On voit aussi apparaitre des souches ultrarésistantes, insensibles à tous les médicaments existants, y compris aux antibiotiques de seconde intention", précise l'Inserm.

En France, Santé Publique France indique que le pays n'est pas épargné par ce phénomène, dans une moindre mesure cependant: il y a bien une augmentation de la multirésistance observée depuis 2012, mais celle-ci s’est stabilisée autour de 100 cas par an. "Le nombre total de cas reste faible en regard de ce qui est observé dans d’autres pays", conclut l'organisme. Selon l'OMS, le fardeau de la tuberculose multirésistante pèse en grande partie sur trois pays, la Chine, la Fédération de Russie et l’Inde, représentant ensemble près de la moitié des cas dans le monde. 

Alexandra Bresson