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Trois décès suspects au CHU de Nantes: les premières pistes pour comprendre

Une infirmière donne des soins à un patient dans un hôpital (illustration)

Une infirmière donne des soins à un patient dans un hôpital (illustration) - Jean-Sébastien Evrard - AFP

Marisol Touraine, la ministre de la Santé, a saisi l'Igas ce jeudi, à la suite de trois morts suspectes au CHU de Nantes. Pour notre consultant santé, Alain Ducardonnet, ces décès ne sont pas "logiques".

La ministre de la Santé Marisol Touraine a saisi jeudi l'Inspection générale des Affaires sociales (Igas), après la mort de trois patients au CHU de Nantes. BFMTV.com fait le point sur les premières pistes pour tenter de comprendre ce qui a pu conduire à ces drames.

> Que s'est-il passé?

Quatre patients atteints de lymphomes suivaient une cure de chimiothérapie intensive avec auto-greffe. Tous ont été victime de "complications graves" et, la semaine dernière, trois d'entre eux sont décédés à la suite d'une "myocardite", selon Benoît Vallet, le directeur général de la santé, qui s'est confié à BFMTV.

Le quatrième patient a présenté des complications. En réanimation, il a depuis été extubé. Enfin, une cinquième personne a été hospitalisée par précaution. Admis au service réanimation quelques heures, ce dernier patient est sorti depuis.

> Quel est le traitement en question?

"Ce qu'il faut comprendre, analyse Alain Ducardonnet, notre consultant santé, "c'est que ce ne sont pas des patients faciles. Ils ont des cancers à haut risque. C'est pourquoi, le traitement que l'on administre est radical."

De la moelle osseuse est prélevée sur le patient, précise le docteur Ducardonnet, puis le malade reçoit sa chimiothérapie, un cocktail de médicaments relativement fort qui détruit tout système immunitaire et sanguin. 

> Pourquoi un traitement de remplacement?

Sauf, que ce jour-là, tous les médicaments prescrits et administrés dans ce cas de figure n'étaient pas disponibles, en raison de tensions d'approvisionnement au niveau européen qui perdurent depuis le mois de mai dernier. "Une autre façon de dire", analyse notre consultant, "que le laboratoire qui commercialise ce produit le distribue à ceux qui l'achètent au prix fort." 

Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm), le phénomène des tensions d’approvisionnement et ruptures de stocks est d'ailleurs "assez récurrent, pas nouveau" et "pas spécifique à la cancérologie".

Aussi, un autre traitement leur a donc été administré. Dans un communiqué, publié jeudi, le ministère de la Santé a précisé que ce traitement "comprenant le médicament cyclosphosphamide en remplacement du médicament melphalan [est] généralement utilisé".

De plus, ajoute notre spécialiste santé, ce médicament est "connu des cancérologues depuis longtemps". Alain Ducardonnet est catégorique sur ce sujet: ce médicament, commercialisé en France depuis 1994 n'est "ni un générique, ni un produit au rabais". 

> Un problème de protocole, de dosages?

Si le produit n'est pas en cause, alors pourquoi trois décès dans cet hôpital?

"Est-ce qu'il y a eu un problème en termes de protocole? Les dosages ont-ils été corrects? Est-ce que la tolérance des patients a bien été étudiée auparavant?", s'interroge Alain Ducardonnet.

Pour notre consultant, la cause des décès pourrait être un surdosage, une transfusion administrée de façon trop rapide ou bien un défaut dans la préparation médicamenteuse. 

"Il n'est pas logique qu'au même endroit, alors que c'est fait d'autres services, ces accidents, ces complications graves soient arrivées", conclut notre consultant.

> Et maintenant?

Marisol Touraine a saisi l'lgas, qui devra déterminer "les causes exactes de ces complications graves, ainsi que sur l'organisation, les moyens et les conditions de réalisation des chimiothérapie". Le communiqué du ministère affirme qu'"à ce stade, l'origine des complications n'est pas établie."

L'Ansm a lancé de son côté une enquête relative aux produits. Les premières conclusions de ces enquêtes sont attendues sous sept jours.
Elodie Hervé