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Santé

Touchers vaginaux sur patientes endormies: l’hôpital de Lyon dément

Un texte présenté comme "document officiel" indique que des examens peuvent se pratiquer "sur patiente endormie".

Un texte présenté comme "document officiel" indique que des examens peuvent se pratiquer "sur patiente endormie". - Mehdi Fedouach - AFP

La faculté de médecine de Lyon dément ce mercredi laisser des étudiants en médecine pratiquer des touchers vaginaux sur des patientes endormies. Des documents publiés sur le site de la faculté semblaient pourtant indiquer le contraire.

Les étudiants en médecine de l’hôpital Lyon-Sud pratiquent-ils des examens sans le consentement des patientes endormies ? Des documents publiés par Metronews en début de semaine et issus de la Faculté de médecine de Lyon-Sud semblaient indiquer que les étudiants en médecine pouvaient pratiquer notamment des touchers vaginaux au bloc "et sur patiente endormie". Les documents proviennent selon le site internet de la rubrique "formation" de la faculté et ont été retirés depuis la publication des documents sur les réseaux sociaux. 

L’équipe médicale s’est expliquée ce mercredi et dément ces pratiques. "Il y a un interne et un externe dans chaque bloc opératoire. Ils prennent part aux interventions, mais on ne pose jamais un spéculum et on ne fait pas de toucher vaginal si cela n’est pas nécessaire", insiste Daniel Raudrant, ancien chef du service gynécologie-obstétrique à Lyon-Sud, cité par Metronews. Le nom de ce médecin figurait dans l’en-tête du document publié. "Je ne connaissais pas l’existence de ce document, qui est forcément très ancien, vieux d’au moins trente ans", explique-t-il.

Publication accidentelle ?

Une enquête interne a malgré tout été ouverte. La faculté de médecine penche pour une publication malencontreuse lors d’un transfert de données. "En 2010, nous avons transféré des quantités énormes de documents de notre ancien site vers le nouveau. Nous n’avons pas vérifié chacun d’entre eux. C’est notre erreur", reconnaît Carole Burillon la doyenne de l’UFR de médecine à Lyon-Sud.

L'hôpital ne pratiquerait donc pas ces examens. "Les médecins n'abusent pas de la personne qui est endormie". Moins claire sur la question, la doyenne de la faculté expliquait pourtant en début de semaine: "on pourrait effectivement demander à chaque personne l'accord pour avoir un toucher vaginal de plus mais j'ai peur qu'à ce moment-là, les patientes refusent".

Des caméras dans les blocs opératoires

Martin Winckler, médecin contacté par Metronews estime que "l’exercice sur patient inconscient" est très répandu dans les hôpitaux. Pour lui, certains médecins "éduquent les étudiants en leur présentant les patients comme des cobayes" et reproche le silence des pouvoirs publics sur la question. De son côté, Bernard Hédon, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, défend cette pratique. "Il s'agit de formation (...) Sous la responsabilité du médecin, un étudiant peut être amené à pratiquer lui aussi un tel examen", reconnaît-il dans L'Obs. "Les étudiants palpent beaucoup mieux les structures lorsque la patiente est anesthésiée, car les muscles sont détendus", justifie-t-il, tout en précisant que "ce type d'examen est pratiqué dans un bloc, avec un anesthésiste autour, une infirmière, etc".

Pour le chef du service gynécologie-obstétrique de Lyon-Sud, "il ne faut pas que les gens s’imaginent qu’il se passe des horreurs dans les blocs opératoires". Ils se disent prêts à installer des caméras dans les blocs opératoires et être filmés durant les interventions.

C. B