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Santé

Tests, masques, traçage: les pistes que pourrait évoquer Philippe ce dimanche lors de son "point d'étape"

Après un premier exercice pédagogique le 28 mars dernier, le Premier ministre et le ministre de la Santé présenteront ce dimanche un tableau actualisé de la stratégie du gouvernement face à l'épidémie de coronavirus.

Port du masque, dépistage, rôle des maires, différenciation territoriale: le Premier ministre doit faire ce dimanche un nouveau point sur l'épidémie du coronavirus, mais aussi évoquer les premières pistes d'un déconfinement à la complexité vertigineuse, à trois semaines de l'échéance fixée par Emmanuel Macron.

Trois semaines après un premier exposé pédagogique, Edouard Philippe renouvellera l'exercice ce dimanche à 17h30 aux côtés du ministre de la Santé Olivier Véran et de scientifiques "qui donneront des faits et des chiffres", selon Matignon. Aucune grande annonce n'est attendue, alors que le plan de déconfinement, confié au haut-fonctionnaire Jean Castex, doit être dévoilé à la fin du mois.

"J'avais dit que je présenterais à intervalles réguliers les résultats de notre stratégie face au Covid-19, les difficultés que nous continuerons peut-être à rencontrer, les pistes d'avenir et la préparation de la sortie de crise", a souligné le Premier ministre ce samedi.

Le respect d'un strict confinement jusqu'au 11 mai

L'exécutif craint un relâchement à l'approche des ponts de mai, après près de deux mois sous cloche. En premier lieu, le Premier ministre devrait donc insister sur l'impératif de respecter scrupuleusement un confinement strict jusqu'au 11 mai, condition sine qua non de la levée progressive des restrictions. Et rappeler que la vie ne va pas certainement reprendre comme avant.

"Partout, le déconfinement sera une question de rythme", insiste un conseiller ministériel, et il s'agira par exemple de "lisser les heures de pointe dans les transports, les salles de classe et organiser les sorties des bureaux, en concertation étroite avec les entreprises", afin d'éviter des concentrations trop importantes de personnes.

Les masques, une question qui reste problématique

L'exposé doit aussi permettre de déminer les différentes polémiques qui accompagnent le gouvernement depuis le début de la crise. Emmanuel Macron, confronté à de nombreuses "remontées du terrain" selon l'un de ses proches, a coupé lui-même court dès vendredi à celle touchant aux séniors en appelant à ne pas les "discriminer" en prolongeant leur confinement au-delà du 11 mai. Mais les "chausse-trappes" restent nombreux: la question des masques pour le grand public, au centre des critiques, reste une priorité pour beaucoup de Français, dans l'attente d'une doctrine claire.

Lundi dernier, Emmanuel Macron a promis un "masque grand public" pour chaque Français le 11 mai. La question de son port obligatoire se pose d'abord dans les transports mais plus généralement dans les lieux publics. Les principaux opérateurs de transports en commun (SNCF, RATP, Transdev, UTP, Keolis...) ont demandé au Premier ministre, dans une lettre dont l'AFP a obtenu copie, de rendre le port du masque obligatoire pour les passagers, y compris dans les gares et arrêts, mais sans contrainte de distanciation sociale à l'intérieur des bus, trains ou rames, ce qui leur semble impossible.

Ils demandent aussi que le masque ne soit pas imposé uniquement dans les transports mais dans tous les lieux publics partagés ou lorsque la distanciation sociale est impossible.

Les maires au coeur du dispositif

"On ne fera rien" sans les maires, insiste le secrétaire d'Etat Sébastien Lecornu dans Le Parisien samedi. Ils "vont être associés, en amont, dans le cadre de la mission qui a été confiée à Jean Castex, dont je rappelle qu'il est lui-même un maire", ajoute-t-il. Mais les élus locaux sont priés de le faire en concertation avec le préfet, ajoute-t-il.

Le Conseil de l'Etat a jugé vendredi que ces élus ne pouvaient pas prendre d'autres mesures que celles décidées par l'Etat, sauf "raisons impérieuses". Ce n'est qu'à cette condition que des mesures différenciées selon les territoires, par exemple l'ouverture d'une médiathèque ou d'une salle polyvalente dans telle ou telle ville, seraient possibles.

Tests et traçage

Edouard Philippe et Olivier Véran devraient également préciser le dispositif de dépistage et de suivi des nouveaux cas. Les tests, pratiqués massivement dans les pays qui ont le mieux combattu l'épidémie, seront au coeur du dispositif. Pour l'instant, la France en a fait nettement moins que des pays voisins comme l'Allemagne.

Le gouvernement n'a par ailleurs pas pris de décision sur le déploiement d'une application de traçage des données mobiles permettant à son utilisateur d'être prévenu s'il a croisé la route d'un autre utilisateur contaminé.

Mais il faudra aussi "déployer plusieurs milliers de professionnels, peut-être même des dizaines de milliers", pour assurer le suivi des contacts, prévient ce samedi dans Le Figaro Geneviève Chène, directrice générale de l'agence Santé publique France. 
Mélanie Rostagnat avec AFP