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Surdité chez les enfants: un phénomène sous-estimé par les parents

Un élève malentendant lors d'une rentrée des classes, en 2006.

Un élève malentendant lors d'une rentrée des classes, en 2006. - Stéphane de Sakutin - AFP

Moins d'un parent sur deux se dit inquiet vis-à-vis des problèmes auditifs de leur enfant, selon une étude Ipsos. Et en cas de signes de pertes auditives, 57% pensent pouvoir attendre plusieurs semaines avant de consulter. Or, ce handicap est mieux soigné quand il est dépisté tôt.

Un adolescent qui écoute de la musique trop fort dans ses écouteurs est aujourd'hui un comportement qui fait réagir la plupart des parents, sensibilisés aux risques de pertes auditives chez le jeune. En revanche, chez l'enfant de 0 à 12 ans, le phénomène reste encore très méconnu et sous-estimé, révèle une étude Ipsos pour la société médicale MED-EL. Ainsi, 57% des parents sondés admettent attendre plusieurs semaines, voire parfois plus d'un an (14%), avant de consulter un professionnel lorsque des signes de mauvaise audition apparaissent chez leur enfant.

Or, en France, 1 enfant sur 1.000 naît avec un défaut d'audition. Si le dépistage à la maternité est obligatoire depuis 2012, il n'est pas encore assez pratiqué. En région parisienne, le taux atteint par exemple 60%. Ce handicap met donc parfois longtemps avant d'être décelé et diagnostiqué. Et dans 80% des cas, il est d'origine génétique.

"Mais pour la très grande majorité des enfants, la surdité survient dans une famille où il n'y a jamais eu de problème d'audition, car les gènes de faiblesse auditive ne se sont jamais exprimés avant lui, même si les parents en étaient porteurs", indique à BFMTV.com le Dr Natalie Loundon, praticienne ORL à l'Hôpital Necker-Enfants malades. 

De la nécessité de dépister le plus tôt possible

Or, pour les enfants atteints d'une surdité profonde, restaurer l'audition n'est possible qu'avec la pose d'un implant cochléaire, un appareil miniaturisé nécessitant une opération chirurgicale, et "cet implant est d'autant plus efficace qu'il est posé tôt, de préférence avant l'âge de 2 ans, avant que les aires auditives ne soient définitivement formées", explique le Dr Loundon. 

Pourtant, que ce soit un appareil amplificateur ou un implant cochléaire, toute aide auditive chez l'enfant reste encore difficile à faire accepter dans la société. Selon l'étude, 79% des parents sondés considèrent qu'il est difficile psychologiquement pour un enfant de porter un appareil auditif. 

Des frais généralement intégralement remboursés

"Il faut dépoussiérer les a priori sur les appareils auditifs. Aujourd'hui, ils sont à peine visibles, plus légers qu'avant, et plus ergonomiques. Porter des verres correcteurs est très bien accepté, mais porter un appareil auditif est tout de suite synonyme de handicap", regrette le Dr Loundon. 

"On estime qu'en France, il y a 7.000 enfants implantés. Ce chiffre augmente chaque année, puisqu'il y a environ 700 implantations effectuées par an sur des enfants", ajoute Michel Beliaeff, directeur général de MED-EL France.

Quant au coût des appareils auditifs, 72% des parents sondés pensent qu'ils ne sont pas remboursés. Or, pour un implant cochléaire, dont le prix tourne autour de 30.000 euros, la Sécurité sociale rembourse généralement intégralement les frais. Au moindre signe, les parents ne doivent donc pas hésiter un instant à consulter un pédiatre dans un premier temps, puis un ORL si les symptômes persistent.