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Santé

Stop aux antidépresseurs à tout va !

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Les Français consomment trop d'antidépresseurs. Des médicaments prescrits trop facilement et souvent inutilement par les généralistes. Des médecins tirent la sonnette d'alarme.

En finir avec l'abus d'antidépresseurs et de tranquillisants. C'est l'objectif de quinze grands médecins qui signent dans le numéro de septembre du mensuel Psychologies Magazine un appel dans ce sens. Ils partent d'un constat simple : en France, on consomme 3 fois plus de médicaments psychotropes - qui agissent sur l'esprit (antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères), que partout ailleurs en Europe. Et pourtant, les Français ne sont pas plus déprimés que leurs voisins européens. Cette année, 1 français sur 5 a consommé un psychotrope. Des médicaments dont le volume de vente en France a été multiplié par 2 en 10 ans.

Ces 15 médecins soulignent que les généralistes, à l'origine de 95% des prescriptions de ces médicaments très bien remboursés, le font trop facilement. Selon eux, dans deux tiers des cas ces psychotropes ne servent à rien. Par exemple, pour une rupture difficile, un mal être passager, loin d'une réelle dépression. Le risque est alors la dépendance. Les signataires de cet appel réclament donc de développer les solutions alternatives : psychothérapies, médecines douces... des alternatives peu considérées aujourd'hui par l'Assurance Maladie.

Le professeur William Lowenstein est toxicologue. Las de voir dans sa clinique Montevidéo à Boulogne Billancourt, de plus en plus de patients dépendants à ces psychotropes, il dénonce une « quasi erreur médicale » : « On pourrait presque parler d'erreur médicale, quand il est par exemple confondu une tristesse réactionnelle à un problème professionnel ou de famille, avec une réelle souffrance dépressive. C'est presqu'une solution de facilité. Mais à mes yeux, c'est une mauvaise lecture des signes. Je pense qu'il y a quelque chose de la nécessité de la formation. Ces médicaments ont apporté énormément à tous ceux qui souffraient. Mais ce n'est pas une raison maintenant pour qu'ils soient donnés comme des tic-tacs, et notamment à 2/3 d'une population qui n'en a pas besoin. »

La rédaction, avec Céline Martelet