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Santé

Sida: de plus en plus de personnes bénéficient d’une thérapie mais des obstacles persistent

Avec plus de 36 millions de morts à ce jour, le VIH continue d’être un problème majeur de santé publique.

Avec plus de 36 millions de morts à ce jour, le VIH continue d’être un problème majeur de santé publique. - iStock

Le nouveau rapport de l’Onusida indique que 18,2 millions de personnes bénéficient d’une thérapie antirétrovirale mais souligne l'importance d’une approche fondée sur "le cycle de vie" face à un nombre d'infections toujours plus important.

C'est un rapport optimiste sur la situation actuelle mais prudent sur l'avenir que vient de publier l'Onusida. L'organisation annonce qu'en ce qui concerne la lutte contre le VIH, les pays sont sur le chemin du processus d’accélération avec un million de personnes supplémentaires ayant accès à une thérapie antirétrovirale en seulement six mois, entre janvier et juin 2016.

Jusqu’à juin dernier, 18,2 millions de personnes ont eu accès aux médicaments dont 910.000 enfants, doublant ainsi le chiffre établi cinq ans plus tôt. Si ces efforts sont "maintenus" et "décuplés", le monde pourrait être en voie d’atteindre l’objectif de 30 millions de personnes sous traitement d’ici à 2020. "Nous avons accompli des progrès remarquables, particulièrement en termes de traitement, mais ces progrès sont incroyablement fragiles", déclare le directeur exécutif de l’Onusida, Michel Sidibé.

Le rapport souligne également l’impact du traitement sur l’espérance de vie. En 2015, les personnes âgées de plus de 50 ans représentaient 17% de la population adulte vivant avec le VIH. Dans les pays à revenus élevés, 31% des malades étaient âgés de plus de 50 ans. Ainsi, le nombre de personnes de cette tranche d'âge vivant avec le VIH a atteint son apogée en 2015 avec 5,8 millions. Ce nombre devrait atteindre 8,5 millions d’ici à 2020 si les objectifs de traitement sont atteints.

Trouver des solutions pour chacun à chaque étape de la vie

Mais l'organisme lance un appel en faveur d’une approche fondée sur le cycle de vie (enfance, adolescence, âge adulte) "afin de trouver des solutions adaptées à chacun". Si l’accès aux médicaments afin de prévenir la transmission du VIH de la mère à l'enfant a augmenté pour atteindre 77% en 2015, environ la moitié des 150.000 enfants nouvellement infectés cette même année l'ont été lors de la phase d'allaitement au sein.

"L’approche fondée sur le cycle de la vie souligne la nécessité d’accroître les efforts afin d’élargir le dépistage du VIH aux femmes enceintes, d’étendre le traitement aux enfants et d’améliorer et de développer le diagnostic précoce chez les nourrissons en utilisant des méthodes innovantes, telles que les rappels par SMS, afin de maintenir les soins pour les mères vivant avec le VIH et leurs bébés", précise l'Onusida.

Par ailleurs, des études menées dans 25 pays en 2015 ont montré que 40% des jeunes âgés de 15 à 19 ans avaient été contaminés par la transmission de la mère à l'enfant. Or, "les adolescents vivant avec le VIH ont le taux le plus élevé de faible observance et d’échec des traitements". Cette tranche d'âge est aussi la plus vulnérable aux nouvelles infections puisque le document indique que la période des 15-24 ans est incroyablement dangereuse pour les jeunes femmes.

Selon le rapport, en 2015, environ 7.500 jeunes femmes par semaine ont été nouvellement infectées. Pour l'Onusida c'est donc tout "un éventail de solutions qui est nécessaire afin de répondre aux besoins spécifiques des adolescents". Celui-ci comprend des efforts accrus en matière de prévention du VIH, de maintien des filles et des garçons dans le système scolaire, d'augmentation du dépistage, de la circoncision médicale masculine volontaire et de l’accès immédiat à la thérapie antirétrovirale.

Et dans la vie future?

Le rapport souligne aussi l’importance vitale d’atteindre les populations clés avec des programmes de prévention et de traitement répondant à leurs besoins spécifiques. Il met en effet en garde contre l’augmentation croissante de nouvelles infections parmi les personnes qui s'injectent des drogues (+ 36% entre 2010 et 2015), parmi les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (+12%) ainsi que contre l’absence de déclin parmi les professionnels du sexe ou les personnes transgenre.

Autre défi majeur: l'Onusida indique que le nombre de nouvelles infections à VIH parmi les adultes n’a pas diminué pendant au moins ces cinq dernières années, notamment dans les pays d'Afrique centrale, région qui représente 18% des personnes vivant avec le VIH. Enfin, si l'augmentation de l'espérance de vie des personnes infectées est une bonne nouvelle, elle apporte également un nouveau défi aux autorités sanitaires.

Celles-ci sont plus susceptibles par la suite de développer des effets secondaires à long terme à la suite du traitement du VIH, comme une résistance aux médicaments, et risquent de nécessiter un traitement de co-morbidité telle que la tuberculose et l’hépatite C. "Des investissements et une recherche continue sont nécessaires afin de découvrir des traitements plus simples, plus tolérants contre le VIH et les co-morbidités et découvrir également un vaccin contre le VIH et un traitement curatif", conclut l'Onusida.

Alexandra Bresson