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Shiloh, emportée à 13 ans par une tumeur au sein: ses parents font le récit d'un fiasco médical

Le 8 décembre 2021, Shiloh, tout juste âgée de 13 ans, meurt d'une tumeur localisée au niveau du sein gauche. Si le calvaire de l'adolescente a duré dix mois, elle n'a été traitée que durant les cinq derniers. D'après le témoignage livré par ses parents à BFMTV ce mercredi, la faute incombe à des spécialistes qui ont longtemps estimé qu'il était impossible de contracter un tel cancer si jeune. Ils comptent porter plainte.

Des parents tenaillés par l'angoisse, des médecins qui ne prennent pas la mesure de la situation, et au milieu, une adolescente de 13 ans rongée par le cancer. Shiloh est morte le 8 décembre dernier d'une tumeur au niveau du sein gauche, après dix mois de souffrance. Pire, durant les quatre premiers mois, le mal est passé sous les radars des spécialistes qui refusaient de considérer que la jeune fille ait pu contracter ce syndrome à un si jeune âge.

Un délai dans la prise en charge non seulement préjudiciable mais à l'origine même de la mort de Shiloh d'après le récit de ses parents à BFMTV. Ceux-ci, Diane, et Modibo, comptent aujourd'hui porter plainte contre les médecins auteurs de ce mauvais diagnostic.

Une série de ratés

C'est au domicile familial de Franconville, dans le Val-d'Oise, que Diane a d'ailleurs reçu nos caméras. Plus précisément dans la chambre de sa défunte fille, où elle passe désormais ses nuits depuis que Shiloh s'est éteinte.

"Je dors là tous les soirs. Enfin, 'je dors', je descends en enfer toutes les nuits", explique-t-elle. 

Le drame commence en mars 2021, lorsque l'adolescente fait part de ses premières douleurs, concomitantes de l'apparition de boutons sur son sein gauche. Diane l'emmène aussitôt consulter une radiologue.

Elle raconte l'entretien: "Je lui dis: 'Je suis inquiète. Pour moi, il y a tous les symptômes d'un cancer du sein. Elle me répond: 'Madame, le cancer du sein n'existe pas chez les enfants'." Premier rendez-vous manqué d'une longue série.

D'autant que l'échographie réalisée dans la foulée ne détecte pas de cellule cancéreuse. On se contente donc de prescrire des antibiotiques à la jeune patiente - dont l'état s'aggrave bientôt. Les parents de Shiloh et l'intéressée multiplient alors les consultations. Toutes sont expéditives. Personne ne croit que Shiloh puisse souffrir d'une tumeur au niveau du sein à son âge. 

Le père de Shiloh.
Le père de Shiloh. © BFMTV

Angiosarcome mammaire de grade II

En mai, elle est admise dans un hôpital d'Argenteuil. Devant les marques sur le sein de la jeune fille, le personnel pense même à des maltraitances. "On nous débloque l'assistante sociale, psychologue, interrogatoires de police", se souvient Diane, qui déplore par ailleurs: "On va faire une radio du poignet de Shiloh, on lui massacre son poignet  sans tablier de protection. On s'occupe de tout sauf de son sein".

Au bout du compte, Shiloh sort de l'hôpital neuf jours après y être entrée. Il faut attendre la fin du mois de juillet pour que la tumeur soit établie. Celle-ci n'est pas un cancer du sein stricto sensu: il s'agit d'un angiosarcome mammaire de grade II.

Enfin traitée, l'adolescente participe à sa première séance de chimiothérapie le 18 août - cinq mois après la manifestation des symptômes initiaux donc - selon les détails apportés par la famille endeuillée lundi au Parisien. La dernière aura lieu en novembre, quelques semaines seulement avant la victoire de la maladie.

Une photo de Shiloh.
Une photo de Shiloh. © BFMTV

Shiloh victime d'une "maltraitance morale, physique et psychologique"

Diane achève en confiant à BFMTV ce qu'elle attend des poursuites qu'elle et son mari s'apprêtent à engager: "Je veux vraiment que toutes ces personnes soient jugées et condamnées, individuellement, pour leur comportement envers Shiloh. Shiloh a subi le mépris, une maltraitance morale, physique et psychologique".

Du côté des médecins, on s'accroche à sa bonne foi. Ainsi, selon l'Institut Gustave-Roussy de Villejuif, dans le Val-de-Marne, on a détecté six cas similaires à celui de Shiloh en 40 ans, et tous concernaient des adultes.

Boris Kharlamoff, Julie Rosaire et Blandine d'Halléna avec R.V.