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Santé

Sécurité sociale : et si on pouvait économiser 10 milliards ?

2 à 3 milliards pourraient être économisés simplement en luttant contre le gaspillage.

2 à 3 milliards pourraient être économisés simplement en luttant contre le gaspillage. - -

Une eurodéputée écologiste propose d’économiser 10 milliards sur trois ans dans le budget de la Sécurité sociale. Pour cela, elle envisage une lutte drastique contre le gaspillage, le retour à des génériques plus anciens mais toujours efficaces, et une refonte du système de remboursement.

Pour renflouer les caisses de la sécurité sociale, inutile de diminuer les allocations familiales ou de taxer les retraités : pour Michèle Rivasi, eurodéputée écologiste, membre de la commission Santé au Parlement européen, il suffirait de s’attaquer à la manne gigantesque des laboratoires pharmaceutiques en France. Cela permettrait, selon elle, d'économiser 10 milliards d'euros sur trois ans. Car les prix des médicaments en France sont plus élevés qu'ailleurs, et l’écart de prix entre le France et l’Italie atteindrait ainsi 100% pour le princeps (médicament original) et 50% pour le générique.

« Faire des appels d’offre sur les génériques »

Parmi les causes de surcoût, les auteurs du rapport sur le sujet dénoncent notamment l’autorisation de contre-génériques (« simple changement de dosages ») ou de copies très proches destinés à préserver les brevets et le prix de remboursement excessif, mais aussi le lobbying intense des industriels du secteur auprès des pouvoirs publics et des médecins. Les solutions sont donc nombreuses, énumère Michèle Rivasi, qui a présenté le projet de réforme. « On revient à des génériques plus anciens, où on sait qu’il n’y a pas d’effets secondaires, plutôt que d’accepter une nouvelle molécule qui n’a aucune valeur ajoutée. Quand les médicaments n’ont aucune valeur ajoutée, il faut soit ne pas les rembourser, soit les rembourser à très faible niveau. Et faire des appels d’offre sur les génériques, ça se fait partout en Europe, pas en France ». La députée envisage aussi de remplacer la marge commerciale des pharmaciens et des grossistes par des honoraires ou encore lutter contre le gaspillage des médicaments.

« On nous force au gaspillage »

« Le conditionnement a tendance à augmenter des dépenses complètement anormales. On nous force à la gabegie, au gaspillage, pas au bénéfice de votre santé, mais de leur santé économique à eux. Tout ça parce que l’industrie pharmaceutique veut faire du profit. Arrêtons ! », remarque en effet l’élue qui regrette que les contenants ne soient jamais adaptés aux traitements. Le gaspillage de médicaments coûte entre 2 et 3 milliards d'euros par an et près de 150 000 tonnes de médicaments sont jetés chaque année ».

« Un lobbying très habile »

Jean-Paul Hamon est président de la fédération des médecins de France. S’il ne voit rien avancer, c'est parce que les lobbys sont puissants, affirme-t-il. « L’industrie pharmaceutique sait habilement jouer de la corde du chômage, de l’embauche… Quand vous voyez que l’Agence nationale de l’autorité médicamenteuse donne comme numéro vert le numéro de laboratoire Téva, alors qu’il y a une suspicion sur ces médicaments ! Les médicaments pour l’Alzheimer, tout le monde dit qu’ils sont très faiblement efficaces, et malgré cela, ils coûtent 300 millions d’euros. Ça ne se fait pas sans un lobbying très habile, qui se fait au détriment du budget de la Sécurité sociale et des Français ».

Mathias Chaillot avec Matthieu Brandely