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Salle de shoot : retour sur l'expérience méconnue de Montpellier

Une salle de shoot a été créée dans les années 1990 à Montpellier.

Une salle de shoot a été créée dans les années 1990 à Montpellier. - -

Alors que les salles de consommation de drogues devraient être expérimentées d'ici la fin de l'année, Le Midi Libre rappelle qu'il en a déjà existé une en France, à Montpellier. Une expérience éphémère et non cadrée qui répondait déjà à un besoin.

Les salles de consommation de drogue devraient arriver en France avant la fin de l'année, comme l'a annoncé sur BFMTV, la ministre de la Santé Marisol Touraine. Si Marseille et Bordeaux sont candidates pour être ville test, elles ne seraient pas les toutes premières à accueillir des "salles de shoot". Le MidiLibre rappelle ce vendredi qu'elles ont déjà existées à Montpellier, entre 1994 et 1995. Retour sur les faits.

"On l’a fait à un moment où les politiques n’étaient pas prêts. Ok, c’était un peu branquignol, notre truc. Mais, au moins, on a essayé, en sachant bien qu’à la moindre faille, on allait se casser la figure" raconte Estelle Dolé de l'association Asud-Montpellier.

Une installation rudimentaire en 1993

Une table, des seringues et des kits de préventions. L'association Autosupport des usages de drogues (Asud) n'a pas plus de matériel quand elle s'installe dans le froid de l'hiver 1993 dans la rue montpelliéraine.

Il faudra attendre 1994 et une visite en Suisse (où les salles de consommation de drogues sont déjà légales) pour que l'association ait son local. Des salles depuis autorisées dans d'autres pays comme en Espagne. "On ne pouvait pas donner des seringues et laisser les gens se shooter dans la rue", argumente Estelle Dolé, au Midi Libre.

Jusqu'à 100 personnes par jours

Milieu des années 1990, le VIH touche de plein fouet les toxicomanes. "C’était simplement une mesure d’hygiène", raconte l'ancienne présidente de l'association. "Le consommateur n’a pas envie d’être vu en train de se faire son shoot, et les gens ne veulent pas le voir."

Selon elle, "entre 70 et 100 personnes" passaient chaque jour, dans ce petit local près de la gare de Montpellier. "Des femmes, des hommes, des gens qui connaissaient bien la rue. Depuis, la majorité d’entre eux sont décédés."

Une overdose puis la fermeture

Suite à l'overdose d'une adolescente de 16 ans, à laquelle elle survit toutefois, le centre fermera le 8 juillet 1995, malgré l'appuis du maire de la ville, Georges Frêche. "Je ne regrette pas et s’il le fallait, je recommencerai", estime Estelle Dolé.

Elle conclut : "Il aurait fallu être plus diplomate, mais l’urgence était là. Vingt ans après, il semble qu’il y a une ouverture, et c’est tant mieux."