BFMTV
Santé

Salaires, horaires, santé mentale... Pourquoi les internes en médecine font grève ce vendredi

Dans un contexte de crise chronique de l'hôpital, ces jeunes médecins encore en formation sont appelés à observer une "journée sans interne" pour leurs salaires et leurs conditions de travail.

Ils représentent jusqu'à 40% des effectifs médicaux dans certains hôpitaux et pourtant aujourd'hui, il va falloir faire sans eux. Les internes en médecine sont appelés à faire grève ce vendredi.

"Les jeunes médecins sont en détresse psychologique" et leur temps de travail "dépasse allègrement le maximum légal" de 48 heures par semaine, alerte l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) dans un communiqué.

Une triple revendication

Dans un clip diffusé sur les réseaux sociaux, ils dénoncent les semaines à rallonge, les salaires au rabais et des conditions d'exercice qui mettent en péril leur santé mentale. La revendication des syndicats est triple: une hausse de 300€ par mois soit 15% d'augmentation, le décompte strict du temps de travail et une indemnité logement indexée sur les loyers.

"Les internes, c'est une population avec énormément de troubles dépressifs", affirme auprès de BFMTV Jonathan Moisson, interne ayant participé à la vidéo.

Le jeune médecin explique que, selon un récent sondage, 26% des internes présentent des symptômes dépressifs et trois sur quatre des troubles anxieux. "Il y a des suicides d'internes très régulièrement", ajoute-t-il. Selon l'ISNI en 2021, en France, un interne se donne la mort tous les 18 jours.

Risque de "chantage"

La date de ce vendredi n'a pas été choisie au hasard: il s'agit du dernier jour de stage pour les internes, qui changent de service ou d'hôpital chaque semestre. "Nos hiérarchies ont moins de pression sur nous si on décide d'être gréviste", déclare à BFMTV Olivia Fraigneau, président de l'ISNI.

Elle explique qu'en tant que jeunes médecins, ils s'exposent "à du chantage". "On va dire 'si tu fais grève, tu n'auras pas ton diplôme de médecin et tu ne pourras jamais exercer ici'".

"Le but, c'est de faire du bruit par le silence", complète-t-elle.

Un contexte très tendu

Cet appel à une "journée sans interne" a essaimé parmi les autres organisations de carabins, des internes en médecine générale de l'Isnar-IMG, aux étudiants en premier et deuxième cycles de l'Anemf, jusqu'aux récents diplômés de Jeunes Médecins.

Leurs aînés du SNMH-FO, bien que minoritaires chez les praticiens hospitaliers, s'y sont également joints en déposant "un préavis de grève en soutien aux internes et à leurs revendications".

Cette grève intervient dans un contexte de crise chronique de l'hôpital, à l'orée d'un week-end prolongé du 1er-Mai à haut risque, pour cause de pénurie d'intérimaires. En effet, le tour de vis sur les tarifs de ces médecins remplaçants (plafonnés à 1390 euros brut pour 24 heures de travail) entraîne depuis bientôt un mois des fermetures de services - totales ou partielles - dans des dizaines d'hôpitaux publics.

Salomé Robles