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"Renvoyer la balle, c'est insupportable": la mairie de Paris répond à la préfecture après l'abandon du transfert des toxicomanes

Anne Souyris, adjointe d'Anne Hidalgo en charge des questions de santé, a réagi ce vendredi au communiqué de Didier Lallement après l'abandon du projet de transfert des consommateurs de crack de la Porte de la Villette vers le 12e arrondissement.

Le bras de fer se poursuit entre Didier Lallement et la mairie de la capitale. La préfecture de police de Paris a annoncé ce vendredi matin l'abandon du transfert des toxicomanes de la Porte de la Villette vers le 12e arrondissement, rejetant la responsabilité sur la seule municipalité et sa "virulente opposition" au projet, alors que des voix s'élevaient contre ce projet y compris du côté de la majorité présidentielle.

La mairie a réagi à ces accusations par l'intermédiaire d'Anne Souyris, adjointe EELV chargée des questions de santé, à la mi-journée sur BFMTV.

"De la part d’un grand commis de l’État, le fait de renvoyer la balle chez d’autres quand on est face à sa propre incurie, c’est vraiment totalement insupportable", a-t-elle d'abord lancé.

Avant de réitérer sa ferme opposition au regroupement des consommateurs de crack, que ce soit sur un terrain de la SNCF, situé à l’intersection de deux faisceaux ferroviaires et du boulevard Poniatowski, ou ailleurs.

"On a toujours dit non au déplacement"

"On a toujours dit non au déplacement. (…) On a expliqué que ce n’était pas une solution", a-t-elle soutenu, en faisant notamment référence à la "Colline du crack". Car avec le déplacement, "on n’aide pas les gens. On met en danger les populations".

La mairie aurait "refusé la moindre proposition" émise par la préfecture de police, assure cette dernière, ce qui laisse présager selon elle "une occupation longue de l'espace public" dans le 19e arrondissement.

"On n’est pas du tout pour que ça reste comme ça, récuse Anne Souyris. Il y a des solutions. Nous en proposons un certain nombre." Parmi elles, l'ouverture d'hébergements, "de l'ordre de 150". Une demande émise en septembre dernier, avant la chute des températures. "On nous a dit que ça ne servait à rien", regrette l'élue écologiste.

La colère d'Anne Hidalgo

L'ensemble des propositions seront débattues mardi au cours d'une réunion d'urgence entre la municipalité, la préfecture de police, la préfecture d'Île-de-France et l'Agence régionale de Santé.

Anne Hidalgo, par ailleurs candidate socialiste à l'élection présidentielle, a accusé cette semaine la préfecture et le gouvernement de "déplacer le problème". La préfecture de police et le ministère de l'Intérieur "ont essayé d'instrumentaliser le dossier contre moi, de me rendre responsable de cette situation, a-t-elle déploré jeudi sur RMC-BFMTV. Ils se retrouvent avec tout le monde contre eux aujourd'hui parce que personne n'accepte cette façon indigne".

L'édile s'était dite prête à saisir la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) pour geler l'entreprise de la préfecture. Elle n'aura finalement pas besoin de faire aboutir cette demarche.

Ces passes d'armes successives entre la préfecture et la mairie tendent à exaspérer les associatifs et les riverains, toujours en attente de solutions concrètes et viables à long terme. Stéphanie Benoist, habitante d'Aubervilliers et présidente de l'association "Village 4 chemins", a indiqué ce vendredi sur notre antenne que "les habitants (réfléchissaient) à de nouvelles mobilisations" pour faire entendre leur désarroi.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions