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Santé

Rayonnement solaire, air pollué... Ces dangers pour la santé des personnels navigants dans les avions

Dans un rapport publié ce mercredi 25 octobre, l’Anses admet que les hôtesses, stewards et pilotes sont exposés à des émanations polluantes (photo d'illustration).

Dans un rapport publié ce mercredi 25 octobre, l’Anses admet que les hôtesses, stewards et pilotes sont exposés à des émanations polluantes (photo d'illustration). - lukasbieri - pixabay

À la suite de plusieurs témoignages de personnels navigants, l’agence sanitaire admet, dans un rapport publié ce mercredi, l'existence de plusieurs sources de polluantes dans les cabines. Elle appelle à des "recherches complémentaires".

Maux de tête, vision floue, nausée, perte d’équilibre… Depuis plusieurs années, des personnels navigants rapportent des effets néfastes sur leur santé probablement dus à des émanations inhabituelles ou des fumées dans les cabines ou les cockpit d’avions. Ces symptômes, très variés, ont été mentionnés dans plusieurs études et regroupés par certains auteurs sous le terme "syndrome aérotoxique".

Dans un rapport publié ce mercredi 25 octobre, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) reconnaît que le personnel navigant "est soumis en vol à de multiples nuisances et conditions de travail particulières". Elle appelle toutefois à poursuivre les recherches, précisant que "des études épidémiologiques sont encore nécessaires pour préciser les effets sur la santé de ces expositions multiples et conditions de travail de ces salariés".

Augmentation du nombre de cancers

Pilotes, hôtesses de l’air, stewards: en France, plus de 30.000 personnes exercent leur métier dans les cabines d’avions. Durant les heures de vol, le personnel navigant est exposé "aux rayonnements ionisants issus des rayons cosmiques et solaires, qui augmentent notamment avec l’altitude".

"L’incidence de certains cancers, tels que les cancers de la peau (épidermoïdes et mélanomes) et les leucémies, augmente chez ces travailleurs, ce qui pourrait être provoqué par ces rayonnements", souligne l'Anses.

En ce qui concerne les cancers de la prostate et du sein chez les personnels navigants, il est plus difficile de conclure sur une augmentation du risque dans cette population, "en raison le plus souvent d’un manque d’études disponibles" indique l'agence.

À cela s’ajoute, le travail de nuit ou en horaires décalés, "connu pour entraîner des effets sur la santé".

Le "fume event"

Dans les cabines d’avions, les études ont prouvé que de multiples sources de polluants étaient présentes. Selon l’Anses, elles peuvent être liées "aux matériaux utilisés, au fonctionnement de l’avion et notamment au système de ventilation, aux opérations réalisées au sol et en vol".

"Dans la grande majorité des avions, l’air alimentant la cabine est en partie prélevé au niveau des moteurs", explique le rapport.

Les composés issus d’huile de moteur ou de sa dégradation thermique sont couramment soupçonnés de polluer l’air des cabines.

À la fin des années 1990, plusieurs plaintes de membres d’équipages, dans le monde et plus particulièrement au Canada, ont été enregistrées. Les personnels navigants y rapportaient divers symptômes liés à ces émanations. Ce phénomène a depuis fait l’objet d’études et été désigné dans la littérature par l’expression "fume event ".

L’expertise de l’Anses déclare cependant que les études réalisées "ne permettent pas d’objectiver ces symptômes ni d’en identifier les causes".

Des "recherches complémentaires" sont "indispensables"

Dans son expertise, l’Anses affirme qu'elle ne peut conclure "ni sur l’origine des polluants détectés dans l’air des cabines ni sur leurs niveaux de concentrations, en raison de données de qualité insuffisante".

D'où la nécessité de mettre en place "des recherches complémentaires", explique l'Anses. Afin d'identifier les risques pour la santé de ces travailleurs, il est "indispensable" d'évaluer "la qualité de l’air dans les cabines, identifier les circonstances pouvant conduire à des pollutions particulières de cet air et objectiver les symptômes rapportés par ces personnels" affirme le rapport.

L'agence souligne tout de même que des recherches sont actuellement menées en France et au niveau européen sur la potentielle contamination des cabines par l’air prélevé au niveau des moteurs.

Orlane Edouard