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Qu'est-ce que le Quviviq, nouveau traitement contre l'insomnie autorisé par l'Agence européenne du médicament?

Au lieu d'endormir le cerveau pour empêcher l'insomnie, ce traitement va agir sur le réveil, "ce qui va aider les personnes à s’endormir plus rapidement" et "à rester endormies plus longtemps", note l'EMA.

Un nouveau remède aux troubles du sommeil? L'agence européenne du médicament (EMA) a donné début mai son autorisation pour la commercialisation d'un nouveau médicament contre l'insomnie appelé Quviviq. Il est développé par Idorsia, une biotech suisse dirigée par un couple de Français, et a déjà été autorisé aux Etats-Unis en janvier dernier. Il ne sera disponible que sur ordonnance.

Ce traitement "permet d’obtenir un sommeil naturel pendant la nuit tout en préservant la qualité de vie du patient pendant la journée. C’est une avancée importante pour tous ceux qui ont peur de se coucher parce qu’ils craignent de mal dormir", explique au Figaro Jean-Paul Clozel, le PDG français d’Idorsia.

· Qu'est-ce que ce médicament va apporter de plus?

Pour lutter contre l'insomnie, le traitement le plus connu est celui des somnifères, qui a une action d'endormissement sur le cerveau. Le Quviviq va, lui, agir sur le réveil grâce à sa substance active qui est le daridorexant. Le laboratoire Merck avait déjà mis sur les marchés japonais, américain, australien et canadien son suvorexant, basé sur le même principe que le daridorexant.

"Il agit en bloquant l’action de l’orexine, une substance produite par le cerveau qui favorise l’éveil", écrit l'EMA. "Cela signifie que Quviviq aide les personnes à s’endormir plus rapidement, à rester endormies plus longtemps et à améliorer ainsi leur fonctionnement au cours de la journée."

Les résultats du Quviviq ont été démontrés dans deux études principales, dont une portant sur 930 patients, publiées dans The Lancet.

"Ceux ayant reçu 50 mg de Quviviq pendant trois mois ont vu se réduire en moyenne de 29 minutes le temps qu’ils passent éveillés chaque nuit, par rapport à une réduction de 11 minutes pour ceux ayant reçu un placebo", explique l'EMA. "De plus, après trois mois de traitement, les patients ayant pris 50 mg de Quviviq se sont endormis environ 35 minutes plus rapidement qu’avant le traitement, tandis que ceux sous placebo se sont endormis 23 minutes plus rapidement."

· Comment s'utilise-t-il?

"Contrairement aux autres somnifères qui ont tendance à vous faire dormir en augmentant le sommeil, celui-là essaye de vous faire dormir en diminuant votre réveil", résume auprès de BFMTV Marc Rey, neurologue et président de l'institut national du sommeil et de la vigilance. "On a une nouvelle arme, donc cela c'est intéressant, mais il faut bien faire comprendre que cette nouvelle arme doit d'abord s'adresser à des patients qui ont été diagnostiqués par le médecin qui les prend en charge."

Ce médicament devra être utilisé "pour traiter les adultes souffrant d’une insomnie (difficulté à dormir) ayant duré au moins trois mois et qui a une incidence considérable sur leur fonctionnement au cours de la journée", précise ainsi l'EMA, soulignant qu'il "n’est délivré que sur ordonnance".

Disponible sous forme de pilules, la dose de Quviviq recommandée est d'un comprimé de 50 mg le soir - ou de 25 mg si le médecin estime qu'une dose plus faible est plus appropriée - "pas plus de 30 minutes avec le coucher", explique l'agence européenne. De plus, ce traitement "doit être aussi bref que possible et réévalué par votre médecin dans un délai de trois mois".

· Quels effets secondaires?

"Les effets indésirables les plus fréquents sont le mal de tête et la somnolence", est-il précisé sur le site du médicament, mais d'autres ont été listés. La FDA souligne ainsi des risques d'aggravation de la dépression et des pensées suicidaires, de paralysie du sommeil, de somnambulisme ou encore de diminution de la conscience et de la vigilance: "Le matin suivant la prise de Quviviq, votre capacité à conduire prudemment et à réfléchir clairement peut être diminuée."

Mais "la plupart des effets indésirables sont d’intensité légère à modérée", souligne l'EMA, qui rappelle que "comme pour tous les médicaments, les données sur l’utilisation de Quviviq sont surveillées en permanence. Les effets indésirables rapportés avec Quviviq sont soigneusement évalués et toutes les mesures nécessaires sont prises pour protéger les patients".

D'après un baromètre de Santé Publique France de 2017, en France, l'insomnie chronique touche 13,1% des 18-75 ans, 16,9% des femmes et 9,1% des hommes.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV