BFMTV
Santé

"Purple drank": comment les pharmacies gèrent les demandes suspectes

Le "purple drank" est une boisson à base de médicament dont l'usage est détourné.

Le "purple drank" est une boisson à base de médicament dont l'usage est détourné. - David Long - AFP

De nombreuses demandes suspectes de délivrance de sirops à base de codéine et de prométhazine, dont l'usage détourné est recherché pour ses effets désinhibants et récréatifs, ont été rapportées à l'agence nationale de sécurité du médicament. L'ANSM a donc lancé la semaine dernière une mise en garde. Comment les pharmacies font-elles face à ce problème?

Les autorités sanitaires françaises s'alarment du retour en force de ce phénomène connu depuis les années 90. La semaine dernière, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a lancé un appel à la vigilance autour de ce qu'on appelle le "purple drank". 

Cette boisson, tout particulièrement appréciée des adolescents ou des jeunes adultes, est composée généralement de sirops à base de codéine, un antitussif opiacé et de prométhazine, un antihistaminique H1. Ces médicaments délivrés sans ordonnance, mélangés à haute dose avec de l’alcool et des boissons énergisantes, donnent un résultat détonnant: un cocktail planant, qui permet d'obtenir "un effet relaxant et désinhibant".

Déterminer les personnes suspectes

Certaines pharmacies n'ont pas attendu l'appel de l'ANSM pour se montrer particulièrement vigilante. C'est le cas de Séverine Dardel, pharmacienne à Paris, que BFMTV a rencontrée. Lorsque plusieurs de ces médicaments sont demandés en même temps, Séverine Dardel se méfie. A partir de certains indices, elle détermine les personnes suspectes.

"Déjà, elle n'a pas mal à la gorge. Elle ne tousse pas. Elle revient trop de fois, de manière trop rapprochée par rapport au nombre de comprimés dans la boîte", énumère cette pharmacienne sur notre antenne. 

Dans ces cas-là, Séverine Dardel n’hésite pas. Elle ruse pour éviter de vendre ces produits:

"On dit 'je vais regarder'. On part derrière, on regarde dans les tiroirs. En fait, on fait semblant de chercher et on revient en disant 'je suis désolé, je n'en ai plus'", raconte-t-elle.

Des risques d'intoxication "très grave"

Les risques liés à l'absorption du "purple drank" sont multiples. La codéine, qui peut aussi être utilisée comme analgésique pour lutter contre la douleur, peut engendrer des problèmes d'addiction. L'autre risque, mis en évidence par l'ANSM, est lié à l'alliance de la codéine et d'une autre molécule, représentant un risque aigu de toxicité pour le foie, jusqu'à des hépatites fulminantes.

"L'utilisation de ces produits, de ces cocktails récréatifs, donnaient lieu, parfois, à des intoxications qui pouvaient être très graves", indique Nathalie Richard, directrice adjointe neuro-addictologie à l'ANSM. "On observait des troubles du comportement, également des convulsions, etc. Ces troubles pouvaient aller jusqu'au coma".

Selon une enquête, 7% des Français âgés de 16 ans et plus ont déjà mélangés alcool et médicaments pour "planer".

C. P. avec Hortense Gérard et Anne-Sophie Warmont