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Pourquoi? Quand? Pour qui? Ce qu'il faut savoir sur la troisième dose, bientôt proposée en France

La Haute autorité de Santé vient de donner son feu vert à l'administration d'une troisième dose pour les plus de 65 ans et les personnes atteintes de comorbidités. Objectif: stimuler le système immunitaire pour continuer à être efficacement protégé contre le coronavirus.

Olivier Véran était visiblement bien informé. Le ministre de la Santé, sans révéler la décision qu'a rendu ce mardi la Haute Autorité de Santé, avait dévoilé quelques pistes lundi soir sur BFMTV sur l'administration d'une troisième dose de vaccin en France pour se protéger contre le coronavirus.

"J'ai demandé à mes services de mettre en place le programme de troisième dose pour ceux et celles qui en relèvent", a même déclaré Olivier Véran face à Yves Calvi sur BFMTV, "ce ne sera pas une obligation mais ce sera une incitation forte".

Une déclaration confirmée ce mardi matin par la Haute autorité de santé qui "propose" une dose de rappel avec un vaccin à ARN messager pour certaines catégories de la population française.

• Pourquoi?

L'objectif avancé par le locataire de Ségur est clair: cette troisième dose sera proposée "pour que cette protection acquise par la vaccination dure". Le ministre de la Santé avait saisi plus tôt cet été - via la Direction générale de la Santé - l'autorité sanitaire sur cette question alors que de plus en plus de pays ont ou vont avoir recours à ce rappel vaccinal.

Plusieurs études font effectivement état d'une efficacité des vaccins qui diminuerait avec le temps, le plus souvent six mois après la deuxième injection ce qui pose problème face à l'émergence de souches préoccupantes du virus comme le variant Delta. Cette nouvelle injection aurait ainsi un rôle de "booster" censé relancer l'immunité du patient, plusieurs mois après la vaccination complète.

• Quand?

Olivier Véran a indiqué lundi soir que cette campagne de rappel "pourrait démarrer début septembre" mais que celle-ci ne sera toutefois ouverte qu'aux personnes ayant reçu leur deuxième dose il y a plus de six mois.

Dans son avis rendu ce mardi, la Haut autorité de Santé distingue une campagne de rappel qu'elle définit comme actée, prévue pour mi-septembre, sur les populations les plus à risque (résidents des Ehpad et des unités de soins de longue durée (USLD), personnes de plus de 80 ans vivant à leur domicile, celles qui présentent un très haut risque de forme grave et les personnes immunodéprimées qui ont déjà reçu 3 doses et en recevront une quatrième). Mais la HAS propose ensuite cette dose aux plus de 65 ans qu'au moment de la campagne de vaccination anti-grippale, soit la fin octobre.

Contacté par BFMTV, le ministère de la Santé confirme que la campagne de rappel concernera bien d'abord les plus de 80 ans qui pourront prendre rendez-vous dès lundi prochain pour recevoir leur dose de rappel "dès le 1er septembre". Le calendrier est toutefois décalé pour les résidents des Ehpad et unités de soins longue durée. Les commandes pour les vaccins au sein de ces établissements vont être passées à partir du 30 août et la possibilité de débuter la campagne de rappel entre le 11 et le 13 septembre. S'agissant enfin des plus de 65 ans, le calendrier précis reste encore à définir.

Dans tous les cas et comme pour les autres doses administrées, celle-ci sera "évidemment" gratuite et remboursée par la sécurité sociale, a assuré Olivier Véran.

• Pour qui?

Là encore, Olivier Véran semble avoir devancé l'avis de la Haute autorité de Santé en évoquant lundi soir les conditions d'éligibilité pour cette troisième injection. Seront ainsi concernés les Français âgés de 65 ans et plus (les personnes éligibles au vaccin contre la grippe) mais aussi les personnes plus jeunes et atteintes de maladie chronique.

La Haute Autorité de Santé précise dans son communiqué qu'il s'agira donc ici d'administrer un vaccin à ARN messager "pour les personnes de 65 ans et plus, ainsi que pour les personnes présentant des comorbidités qui augmentent le risque de formes graves de Covid-19".

"Personnellement je trouve que 65 ans est encore un peu jeune parce que les études ont surtout montré que cette immunosénescence (perte de l'efficacité du système immunitaire, NDLR) est surtout marquée à partir de 80 ans", estime sur BFMTV le professeur Jean-Louis Teboul, chef de service médecine intensive et réanimation à l'hôpital Bicêtre à Paris, "75 ans aurait été un bon compromis".

Il n'y a donc pas de troisième dose prévue "à ce stade" pour le reste de la population. Dans un avis rendu à la mi-juillet, la Haute Autorité de Santé indiquait déjà qu'il n'y avait "pas lieu pour le moment" de proposer une troisième dose de vaccin contre le Covid-19 à l'ensemble de la population, "en dehors des plus vulnérables et des plus âgés", faute de "données disponibles".

Hugues Garnier Journaliste BFMTV