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Pourquoi le coronavirus mute déjà, et pourquoi il ne faut pas nécessairement s'en inquiéter

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La mutation du coronavirus est davantage qu'une perspective crédible: elle apparaît comme incontournable. Mais ce passage obligé ne signifie pas forcément que la maladie est appelée à devenir plus pathogène.

Les contours de la pneumonie virale, qui a émergé depuis le centre de la Chine voici quelques semaines, flottent encore. Son origine, les modalités de sa transmission, les moyens efficaces de s'en prémunir, autant de traits qui constituent pour le moment une vaste nébuleuse au moment d'observer cette maladie qui a déjà emporté la vie de 80 personnes en Chine, où l'on relève également 2744 cas. Trois personnes se trouvant actuellement en France ont elles aussi développé la maladie.

Tendance intrinsèque 

L'apparition d'une maladie déclenche toujours de vagues inquiétudes ou des angoisses plus sérieuses. La perspective de voir muter le coronavirus en motive bon nombre. Dans l'esprit du grand public, l'idée de mutation d'un virus correspond à sa montée en puissance, à une plus grande agressivité de celui-ci pour l'organisme. Vision bien réductrice et catastrophiste, tempère David Boutolleau, virologue à l'hôpital Pitié Salpêtrière à Paris, contacté par BFMTV.com

Tout d'abord, dans la famille de maladies qu'intègre le coronavirus, la mutation n'est pas une calamité: c'est un passage obligé. "Les virus à ARN (par opposition à ADN, NDLR) dont le coronavirus, ont intrinsèquement tendance à muter", pose le médecin. Celui-ci nous décrit le mécanisme du phénomène: "Les virus se multiplient dans les organismes en utilisant une enzyme à eux. Et cette enzyme va faire des erreurs". Ce sont ces erreurs qui vont reconfigurer l'équation. David Boutolleau ajoute plus tard: "Oui, le coronavirus peut muter. Il mute en permanence, il est déjà en train de le faire simplement on ne s'en rend pas compte."

Typologie 

Voilà, une assertion qui peut troubler: en effet, un virus peut muter sans que l'être humaine s'en aperçoive. "La plupart du temps, la mutation ne va rien faire du tout", appuie ainsi notre spécialiste. Mais la typologie de ces modifications embrasse un spectre plus large, que le médecin décrypte pour nous: "Parfois une mutation létale pour le virus apparaît et de temps en temps se produit par hasard une mutation qui va permettre au virus de mieux s'adapter à l'Homme, d'être transmis plus facilement, comme de le rendre moins pathogène."

Il est encore trop tôt pour se prononcer sur les changements qui attendent le coronavirus mais une chose est sûre. La mutation nocive de la maladie est l'exception et non la norme. "Le but du virus est de ne pas tuer son hôte, il n'a donc pas intérêt à devenir plus agressif", met ainsi en évidence le virologue. 

Robin Verner