BFMTV
Santé

Pour diminuer le risque de syndrome métabolique, consommez du bio

-

- - -

Dans le cadre de l’étude NutriNet-Santé, qui vise à mieux comprendre les comportements alimentaires et les relations entre la nutrition et la santé, des chercheurs ont mis en avant un lien entre l'alimentation biologique et une diminution du risque de syndrome métabolique. Plus ce type d'alimentation est adoptée, plus les effets bénéfiques sont importants.

L'étude Nutrinet Santé est une étude de cohorte (portant sur un groupe de sujets suivis pendant plusieurs années) réalisée sur une large population d'adultes volontaire en France dans le but de mieux évaluer les relations entre la nutrition et la santé et de comprendre les déterminants des comportements alimentaires.

Plus précisément, il s'agit d'étudier les comportements alimentaires et leurs déterminants en fonction de l'âge, du sexe, des conditions socio-économiques, du lieu de résidence de ces volontaires et les relations entre les apports alimentaires, l'activité physique, l'état nutritionnel et la santé (obésité, hypertension artérielle, diabète, maladies cardiovasculaires, cancers...).

Ces "nutrinautes" ont accepté de participer pendant cinq ans à cette étude lancée en 2009 en répondant chaque année sur le site à des questionnaires sur leur alimentation. C'est grâce à la collecte de ces données que de nombreuses informations sur l’alimentation et l’état nutritionnel des Français ont fréquemment été publiées dès les premiers mois de l'étude. Et les derniers travaux en date dévoilés par l'Inra* portent sur l'impact bénéfique de l'alimentation biologique sur le métabolisme.

Plusieurs chercheurs ont en effet montré qu'une consommation importante d’aliments bio, essentiellement des végétaux (fruits et légumes), est associée à une moindre probabilité de présenter un syndrome métabolique. Ce dernier ne se définit pas comme étant une maladie car sa définition, comme ses critères de diagnostic, ne sont pas les mêmes selon les pays et les organismes de santé.

Des avantages déjà démontrés

Selon la Fédération Française de Cardiologie, il se traduit par la présence de plusieurs troubles physiologiques et biochimiques. "Le syndrome métabolique désigne la coexistence de plusieurs troubles de santé d’origine lipidique, glucidique ou vasculaire associés à un excès de poids, chez un même individu.", explique-t-elle. L’ensemble de ces désordres métaboliques augmente le risque de diabète de type 2, de maladies cardiaques et d’accident vasculaire cérébral (AVC).

Concrètement, une personne est atteinte du syndrome métabolique lorsqu’elle présente une obésité abdominale et au moins deux facteurs comme une hypertension artérielle, un faible taux de cholestérol HDL (considéré comme le "bon" cholestérol) et/ou un taux élevé de triglycérides (une variété de corps gras). Cette nouvelle enquête fait suite à deux études précédentes que l’équipe a réalisé grâce à la cohorte d’adultes NutriNet-Santé.

Ces deux précédents travaux montraient que les consommateurs très réguliers d’aliments bio ont une probabilité plus faible d’être en surpoids ou obèses et de prendre du poids ou de devenir en surpoids, comparés aux non-consommateurs d’aliments bio. Les chercheurs se sont donc intéressés de plus près à ce type d'alimentation. Pour cela, ils se sont basés sur les données disponibles de 8 174 personnes avec un âge moyen 58 ans de cette même cohorte NutriNet-Santé.

Plus de la moitié du régime alimentaire doit être bio

La proportion d’aliments bio dans l’alimentation de ces personnes, renseigné par des questionnaires, a permis de les regrouper en trois groupes: pas ou très peu d‘aliments bio (4% des aliments totaux), peu ou en partie (24%) et beaucoup d’aliments bio (62%). Tout en prenant en compte des facteurs comme l’âge, le sexe, l’éducation, l’activité physique, le tabagisme, l’alimentation globale, l’apport d’énergie et l’antériorité de la consommation d’aliments bio.

Les résultats ont montré que la proportion des personnes ayant un syndrome métabolique est de 12,1% chez les grands consommateurs de bio alors qu’elle est de 20,7% chez les très faibles consommateurs. "Les adultes qui consomment 62% de leur régime alimentaire ont une probabilité plus faible de 31% de présenter un syndrome métabolique, par comparaison à ceux qui ne consomment quasiment pas d’aliments bio.", explique Emmanuelle Kesse-Guyot, qui a mené l'étude.

Celle-ci ajoute: "Ceux qui consomment une proportion modérée d’aliments bio, 24% de leur alimentation, réduisent la probabilité de présenter un syndrome métabolique de seulement 9%." Si d'autres travaux doivent être menés pour expliquer ces effets bénéfiques, les chercheurs ont observé que ce lien n’est pas modifié par le niveau d'activité physique, mais qu'il est en revanche "annulé" chez les fumeurs.

Leurs premières interprétations tendent à affirmer que les consommateurs bio seraient moins exposés aux résidus de pesticides, "les fruits, légumes et céréales étant parmi les produits les plus contaminés selon les données européennes.", indique la chercheuse. Cette dernière conclut sur le fait que ces données sont cohérentes avec celles montrant une association entre l’exposition à des pesticides et/ou perturbateurs endocriniens et l’obésité ou le diabète de type II.

*Institut national de la recherche agronomique

Alexandra Bresson