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Porno au collège: "Ce n'est pas un phénomène isolé", assure une sexologue

La pornographie est facilement accessibles aux jeunes adolescents.

La pornographie est facilement accessibles aux jeunes adolescents. - DNLSPNK - Flickr - CC

Des vidéos pornographiques visionnées dès les premières années du collège? Une situation banale et qui doit préoccuper la société toute entière, selon une sexologue interrogée par BFMTV.com.

Cinq élèves âgés de 10 à 11 ans ont été sanctionnés par l’administration du collège Montaigne, à Paris, soupçonnés d'être l'auteurs d'attouchements sur des camarades de classe. Ils sont également accusés d’avoir visionné des vidéo pornographiques sur leur smartphones, dans la cour de récréation et pendant les cours. Une situation qui préoccupe Marie-Laure Gamet, médecin-sexologue au CHRU de Lille. Elle a expliqué à BFMTV.com en quoi cela ne la surprend pas.

La banalisation de la pornographie chez les adolescents de plus en plus jeunes (10-11 ans) est-elle surprenante?

Non, ce n’est pas un phénomène isolé. Cela fait des années que j’y suis confrontée. Ce type de situation s’est amplifié à partir des années 2005-2006, avec des adolescents, voire des enfants pour qui la pornographie est devenue accessible du fait de la diversification des moyens de communication. Et les filles sont concernées également.

Dans les cours d’écoles, des collèges, des lycées, ce type de phénomène, comme celui du collège Montaigne, arrive. Après, il faut faire une évaluation plus fine de la situation, distinguer ce qui relève de jeu sexuel de ce qui relève de violence sexuelle, contre lesquelles nous devons clairement lutter dans notre société

Quels sont les risques de cette banalisation?

C’est un sujet préoccupant. La pornographie, ce n’est pas la sexualité. Mais souvent, ce que les jeunes savent de la sexualité, ils l’apprennent via la pornographie. Donc ils n’apprennent pas ce qu’il est nécessaire de connaitre de la personne humaine, de soi, de l’autre, pour vivre une sexualité respectueuse et responsable, qui vise à rendre heureux.

Chez certains adolescents vulnérables ou au parcours complexe avec notamment des troubles de l’attachement, la banalisation de la pornographie peut exposer à se lancer dans des comportements et attitudes sexuelles qui risquent de faire violence.

Comment faut-il réagir?

Il faut que la société se soucie de la question du développement de la sexualité. Comment les adultes savent-ils parler de sexualité aux enfants et adolescents? Comment protéger les jeunes dans ce développement et leur donner les moyens d’apprendre à la construire?

Il y a des choses qui se passent et qui doivent nous préoccuper. Les adultes doivent prendre conscience de ce que cela représente et prendre soin des jeunes et de leur santé sexuelle en devenir. Il est important de réagir. On doit protéger les enfants et les adolescents tout en leur permettant de construire leur sexualité. Au fond, il s'agit de travailler sur des rôles plus égalitaires filles-garçons. Accompagner le développement de la sexualité, c’est aussi comprendre ce qu’est l’autre et avoir une vision de ce que sont les droits humains.

propos recueillis par Aurélie Delmas