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Pollution de l'air: l'exposition pendant la grossesse a un impact sur le développement du fœtus

Une femme enceinte à Vertou, dans l'ouest de la France, le 19 juin 2018

Une femme enceinte à Vertou, dans l'ouest de la France, le 19 juin 2018 - LOIC VENANCE / AFP

Une étude menée par des chercheurs de l'Inserm et de l'université Grenoble Alpes a mis en évidence la vulnérabilité du placenta à la pollution de l'air.

La pollution de l'air représente un "risque majeur pour le bon déroulement de la grossesse". C'est ce qu'affirment des chercheurs de l'Inserm et de l'université Grenoble Alpes dans une nouvelle étude publiée ce mardi 7 mai dans la revue The Lancet Planetary Health.

D'après eux, l'exposition à la pollution de l'air extérieur est "suspectée d’être à l’origine de pathologies cardio-métaboliques, respiratoires ou encore neuropsychologiques chez l’enfant à naître", ont-ils écrit dans un communiqué.

Le placenta vu comme une "archive"

L'étude s'est basée sur des données obtenues chez près de 1.500 femmes enceintes en France. Les scientifiques se sont alors intéressés aux modifications épigénétiques - qui induisent des changements dans l'expression des gènes - du placenta, perçu comme une "archive" de l'environnement prénatal d'un enfant car "particulièrement vulnérable à de nombreux composés chimiques".

Selon l'étude, un tiers des modifications placentaires est associé avec des indicateurs de développement de l'enfant comme le poids et la taille de naissance, son périmètre crânien ou la durée de la grossesse.

"D’autres modifications placentaires concernaient des gènes impliqués dans le développement du système nerveux, du système immunitaire et du métabolisme –dont des gènes impliqués dans la survenue du diabète néonatal ou de l’obésité", a ajouté l'Inserm.

Des disparités de genre

Outre ces modifications visibles pour les deux sexes, les chercheurs ont mis en évidence des périodes de gestation plus vulnérables selon le genre de l'enfant: le premier trimestre chez les garçons et le troisième trimestre chez les filles.

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Pour les garçons, la pollution de l'air peut altérer les gènes impliqués dans le développement du système nerveux et de l'intellect. Tandis que pour les filles, les gènes touchés sont impliqués dans le développement fœtal et la régulation du stress oxydatif.

L'Inserm a alors explicité: "Elles pourraient ainsi être associées à des défauts de développement susceptibles d’augmenter les risques de développer des maladies chroniques métaboliques (hypertension, diabète, obésité…) plus tard dans la vie, mais aussi à la survenue de fausses-couches ou de pré-éclampsies chez la mère."

Désormais, les chercheurs tentent de comprendre les mécanismes moléculaires à l'origine de ces modifications. Ils espèrent également que de nouvelles études permettront d'analyser l'influence de ces changements épigénétiques placentaires après l'accouchement et leur développement durant l'enfance.

Théo Putavy