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PMA: 130 médecins défient la loi

Une pancarte pour la PMA lors de la Gay pride en juin 2014 à Paris (illustration)

Une pancarte pour la PMA lors de la Gay pride en juin 2014 à Paris (illustration) - Dominique Faget - AFP

130 médecins et biologistes affirment dans Le Monde avoir déjà aidé certains couples ou femmes célibataires pour avoir des enfants, alors que la loi ne l'autorisait pas. Ils réclament un assouplissement des lois encadrant la reproduction assistée, et notamment l'accès à la PMA à toutes les femmes.

"Nous, médecins, biologistes, reconnaissons avoir aidé, accompagné certains couples ou femmes célibataires dans leur projet d’enfant dont la réalisation n’est pas possible en France." 130 médecins et biologistes de la reproduction signent jeudi une tribune dans Le Monde demandant l’assouplissement des lois encadrant la reproduction assistée. Avec cet aveu, ils s'exposent en théorie à des poursuites judiciaires. Ils souhaitent ainsi placer la France devant ses "incohérences" et faire évoluer la loi conformément aux problématiques auxquelles ils sont confrontés au quotidien.

"Il faut que la France devienne un pays responsable et conforme aux évolutions de la société", défend le professeur François Olivennes auprès de BFMTV.

Le don de sperme pour une femme célibataire

Parmi les mesures revendiquées par les signataires, l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes est la plus polémique. La tribune ne mentionne pas les lesbiennes mais évoque des femmes seules sans préjuger de leur mode de vie, une manière de dissocier la question des seuls couples homosexuels.

"Le don de sperme pour une femme célibataire (sans préjugé de son mode relationnel actuel ou futur, homo ou hétérosexuel) est une interdiction qui nous paraît devoir être levée, puisqu’une femme célibataire est reconnue dans ses droits pour élever ou adopter un enfant", écrivent-ils.

Cette pratique est aujourd’hui réservée aux couples hétérosexuels infertiles et avait déchaîné les haines lors des débats pour le mariage pour tous. "A titre personnel, j’y suis favorable pour les couples lesbiens, et il me semble que toute la gauche l’est. Le problème est clair: jusqu’où fait-on remonter le niveau d’excitation?", expliquait en février la nouvelle ministre de la Famille, Laurence Rossignol, alors qu'il s'agissait d'une promesse du candidat François Hollande en 2012.

Le don d’ovocytes

Les signataires réclament aussi l'autorisation de la congélation des ovocytes de convenance et d'engager une réflexion sur la pratique du don ovocyte. Ils mettent en parallèle cette interdiction alors que pour les hommes, l’autoconservation de sperme en paillettes peut être réalisée sur simple ordonnance dans tout laboratoire de ville agréé.

L’analyse génétique de l’embryon

"Connaître le statut chromosomique de l’embryon par la technique du diagnostic préimplantatoire (DPI) dans des situations à risques reconnues est devenu courant dans de nombreux pays limitrophes (Belgique, Grande-Bretagne, Italie, Espagne) et constitue une règle de bonne pratique médicale que nous ne pouvons appliquer", regrettent également les signataires.

Un "plan contre l’infertilité"

Les signataires veulent enfin un "plan contre l’infertilité" afin notamment d’informer sur le rôle de l’âge dans la baisse de fertilité.

Parmi les signataires, le gynécologue René Frydman reconnaît que cette démarche est à la fois réfléchie et transgressive. Membre de l’équipe médicale qui permit, en 1982, la naissance du premier "bébé-éprouvette" français, il explique au Monde s'inscrire dans le droit fil du manifeste "Oui, nous avortons !", paru en 1973.

La PMA oui, la GPA non

René Frydman estime que le cadre légal français est incohérent. Selon lui, il faudrait adapter la loi aux évolutions sociétales. Mais s'il est pour l'extension de la PMA au-delà des seuls couples hétérosexuels infertiles, il est totalement opposé à la GPA. Le médecin indique que tous les signataires du manifeste publié dans Le Monde, ont posé la limite de la GPA. Ils ne veulent pas de "la commercialisation du corps ou l'utilisation du corps d'un autre, ni des enfants programmés".

K. L.