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Plus de fait-maison, mais aussi plus de grignotage: nos habitudes alimentaires pendant le confinement

Pendant plus de cinquante jours, notre quotidien a été bouleversé jusque dans nos habitudes alimentaires. Grignotage, plébiscite du fait-maison, tensions d’approvisionnement pour certains produits alimentaires, prise de poids… Tour d’horizon des principales tendances observées dans les foyers français.

Que cela soit dans la façon de faire ses courses, de consommer ses achats, ou de cuisiner, le confinement a modifié notre rapport à l’alimentation. Dans le bon et le mauvais sens. C’est ce que montrent deux études complémentaires, l’une quantitative et l’autre qualitative, lancées par Santé publique France dès la fin du mois de mars et publiées ce mardi.

Selon la première étude baptisée "CoviPrev", 17% des personnes interrogées considèrent que leur alimentation est moins équilibrée qu’avant le confinement. A l’inverse, 13% déclarent une alimentation plus équilibrée que d’habitude.

"Engouement retrouvé du plaisir de manger"

Parmi les points positifs, près de quatre Français sur dix (37%) déclarent cuisiner des plats-maison plus souvent que d’habitude. Effet inattendu: le site gouvernemental mangerbouger.fr, qui vante les recettes et produits recommandés pour une alimentation équilibrée, a connu une hausse de fréquentation de 60% par rapport à 2019.

"C’est un engouement retrouvé du plaisir de manger! L’alimentation est même d’après l’étude qualitative 'l’un des seuls plaisirs qu’il reste pendant le confinement'", relève Anne-Juliette Serry, responsable de l’unité nutrition et activité physique à Santé publique France.

"On teste, on invente pour à la fois varier les repas et se faire plaisir et on partage des recettes, des photographies de ses réalisations. Faire soi-même, faire son pain, des gâteaux, est un défi pour certains, une façon de s’occuper pour d’autres, une fierté, un accomplissement ou encore un moyen de partager des moments en famille et avec les enfants", nous détaille-t-elle.

Ennui et stress

Les études notent également de mauvaises habitudes: 22% déclarent grignoter entre les repas plus que d’habitude, contre 17% moins que d’habitude. Cette tendance s’est amplifiée au fil du confinement avec plus d’un interrogé sur quatre déclarant grignoter entre les repas plus que d’habitude début mai (contre 22% à la mi-avril).

"L’ennui et le stress peuvent être des déclencheurs de ce comportement compulsif; une augmentation du temps passé devant les écrans également. L’ennui peut être dû à l’inactivité de certaines personnes au chômage partiel. Le stress peut être dû à l’épidémie ou au fait de devoir s’occuper des repas, des devoirs des enfants, de faire les courses en craignant d’être contaminé, etc.", analyse Anne-Juliette Serry.

Grignotage, augmentation des quantités consommées pour certains, ou un engouement pour la pâtisserie… Résultat: plus d’un quart des interrogés (27%) déclarent avoir pris du poids; 11% en avoir perdu.

Les femmes et les personnes anxieuses plus concernées

Mais la spécialiste de Santé publique France se veut rassurante: "Les personnes interrogées sont bien conscientes de ces petits laisser-aller et on peut penser qu’il y aura une reprise en main après le confinement".

Les Français confinés ne sont pas égaux face à ces changements d’habitudes alimentaires: "Les changements de comportement sont plus marqués chez les moins de 40 ans, les familles avec enfants, et les femmes. C’est également le cas pour les personnes en situation financière très difficile, celles présentant un niveau d’anxiété élevé ou des troubles dépressifs et des problèmes de sommeil", conclut Anne-Juliette Serry.

Margaux de Frouville