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Pilule de 3e génération : vers un scandale mondial ?

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La plainte de Marion Larat, jeune fille de 25 ans victime de la Méliane, une pilule troisième génération, déposée vendredi a pour objectif de "sensibiliser la population aux dangers de la pilule". Car, en France, le flou règne malgré les présomptions de risques graves.

Marion Larat a déposé plainte vendredi contre le laboratoire pharmaceutique Bayer, producteur de la pilule troisième génération Méliane pour "atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine". Le directeur de l'agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui n’avait pas retiré le contraceptif de la vente malgré des présomptions de risques et le principe de précaution, est également visé. C’est une première en France.

L’objectif ? "Sensibiliser la population aux dangers de la pilule" explique son avocat, Me Coubris, qui a déjà défendu les victimes de l’affaire du Mediator. Et ce dernier de s’interroger : "Pourquoi les pilules de troisième génération, qui sont plus coûteuses, plus dangereuses et pas plus efficaces que les précédentes, demeurent-elles sur le marché ?"

Les pilules de 3e génération ne seront plus remboursées en septembre 2013

Le quotidien Le Monde (article complet réservé aux abonnés), révèle l’existence d’au moins trois autres cas : celui de Théodora Markarian, décédée en 2007, à l’âge de 17 ans, d’une embolie pulmonaire et ceux d’Adèle et Caroline. Marion, elle, a été victime d’un accident vasculaire cérébrale en 2006 et reste aujourd’hui encore lourdement handicapée.

Le père de Théodora et les parents de Marion ont été reçus par Marisol Touraine le 19 septembre dernier. Dans la foulée, la ministre de la Santé annonçait le déremboursement, à partir de septembre 2013, des pilules de troisième génération suite à une préconisation de la Haute autorité sanitaire (HAS).

Est-ce à dire que les risques sont considérés comme importants ? Combien de cas ont-ils été recensés en France ? A travers le monde ?

Plus d'une cinquantaine sur le marché

Une chose est certaine : apparues sur le marché au début des années 90, les pilules de troisième génération sont plus d’une cinquantaine sur le marché. Quatre sont notamment commercialisées par le laboratoire Bayer (Meliane, Melodia, Moneva et Phaeva).

Les risques de phlébite et d’embolie pulmonaire sont connus et la logique veut que chaque jeune femme utilisatrice doit être examinée pour éviter les contre-indications. André Larat, le père de Marion, regrette qu’"il n'a jamais été proposé à sa fille un dépistage. Le protocole veut aussi qu'on lui demande ses antécédents familiaux et ça n'a pas été fait".

A l’ANSM, contactée par BFMTV.com, on insiste sur le fait qu’au mois d’octobre dernier, il a été recommandé de ne la prescrire uniquement si les pilules de première et seconde générations n'étaient pas tolérées. Cela n’explique pourtant pas les graves accidents subis par les jeunes filles citées par Le Monde.

10.000 plaintes aux Etats-Unis

Surtout, si la question apparaît au cœur de l’actualité en France aujourd’hui, elle intervient au beau milieu d’un débat mondial. Aux Etats-Unis, où le New-York Times évoque le chiffre de "10.000", mais aussi en Europe (Allemagne, Suisse), des plaintes ont déjà été déposées contre l’Allemand Bayer en raison d’effets secondaires graves.

D’autres seraient en préparation. Le laboratoire pharmaceutique a déjà évité un procès en janvier 2012 aux Etats-Unis à la suite d’une médiation avec les plaignantes. Comprendre une forte indemnisation.

En France, aucun recensement n’existe. Le Monde parle d’une "cinquantaine de morts par an" en lien direct avec la prise de contraceptif oraux pour environ 1,8 million d’utilisatrices.

Surtout, le lien entre accident cardio-vasculaire et pilule contraceptive n’est pas toujours établi. La plainte de Marion préfigurera peut-être du point de départ d’un nouveau feuilleton sanitaire.