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Pédophilie au sein de l'Eglise: qui est l'association "La Parole Libérée"?

Une pancarte "Les messes de la semaine sont annulées", placardée sur la porte d'une église de Lyon, le 15 mars, alors que le diocèse de Lyon se retrouve empêtré dans des scandales de pédophilie.

Une pancarte "Les messes de la semaine sont annulées", placardée sur la porte d'une église de Lyon, le 15 mars, alors que le diocèse de Lyon se retrouve empêtré dans des scandales de pédophilie. - Jeff Pachoud - AFP

Au coeur de l'affaire de pédophilie qui frappe le diocèse de Lyon, l'association La Parole Libérée a été créée pour apporter soutien et écoute à des anciens du groupe scout Saint-Luc, de Sainte-Foy-lès-Lyon, dans le Rhône, victimes d'actes de pédophilie.

L'association n'existe que depuis trois mois, mais les témoignages y parviennent en nombre. Créée en décembre 2015 par des anciens du groupe scout de la paroisse Saint-Luc, à Sainte-Foy-lès-Lyon, dans le Rhône, La Parole Libérée se veut un espace d'écoute et de soutien aux victimes des actes pédophiles qui se sont déroulés au sein de ce groupe entre 1970 et 1991. Alors que le diocèse de Lyon se retrouve dans la tourmente, avec désormais plusieurs affaires de pédophilie, La Parole Libérée se retrouve au coeur de l'actualité.

Qui sont les membres du collectif La Parole Libérée?

Ils ont pour point commun d'avoir été membres du groupe scout de la paroisse Saint-Luc, entre le début des années 80 et 90, et, pour certains, victimes des actes pédophiles du père Preynat, qui dirigeait ce groupe. A travers l'association, ils veulent faire connaître les actes qu'ils ont pu subir, longtemps passés sous silence, et permettre à d'autres victimes potentielles d'oser prendre la parole. La Parole Libérée "est un espace d’expression et de soutien aux victimes des actes de pédophilie qui se sont déroulés au sein du groupe Saint-Luc de 1970 à 1991", expliquait ainsi le président de l'association, François Devaux, au journal La Croix, début janvier.

Le site internet de l'association regroupe notamment des témoignages de victimes présumées, pour beaucoup âgées de plus de 40 ans aujourd'hui, ainsi que des lettres d'aveux envoyées par le père Preynat lui-même. 

Visé par des plaintes, le religieux, qui n'avait pas été mis en cause à l'époque des faits malgré des accusations formulées par des parents de victimes, a été mis en examen le 27 janvier dernier pour "agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans par personne ayant l'autorité". Devant le parquet de Lyon, il a reconnu les faits qui lui étaient reprochés, et affirmé que la hiérarchie ecclésiastique en avait eu connaissance depuis le début des années 1990. 

L'association a-t-elle facilité la prise de parole?

La parole retrouvée des anciens élèves du père Preynat semble avoir encouragé d'autres victimes à sortir de leur silence. Lundi, un homme nommé Pierre a témoigné dans Le Figaro, affirmant avoir été agressé sexuellement par un autre prêtre, le père Billioud, également membre du diocèse de Lyon, dans les années 1990. 

"Manifestement, notre parole libérée sert à quelque chose. Des affaires sortent tous les jours, à la fois sur notre mail mais aussi dans la presse. On ne peut hélas que s’en réjouir, d’une certaine manière", estime Bertrand Virieux, secrétaire de l’association La Parole Libérée, invité à réagir lundi soir sur BFMTV.

Selon lui, la dénonciation des faits commis par le père Preynat a eu un effet "boule de neige". "Il y a eu beaucoup de cas. On était partis de quelques uns et il y a eu un effet boule de neige. On se retrouve maintenant avec une soixantaine de victimes qui se sont reconnues dans notre histoire", explique-t-il. Et de conclure: "Nous recevons sur notre mail énormément d’affaires qui n’ont soit jamais été traitées, soit qui ont été traitées mais, hélas, étouffées, venant de plusieurs diocèses, et même de plusieurs pays. Nous sommes en lien avec des gens de Belgique, d’Afrique francophone. C’est pour nous une boîte de Pandore qui a été ouverte, et qui n’est pas prête de se refermer".

Adrienne Sigel