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Santé

Patients transférés, admissions en hausse: la 5e vague de Covid-19 se fait ressentir sur les hôpitaux

Les transferts de patients d'une région à l'autre ont repris en France, alors que certaines régions arrivent à saturation. La tension hospitalière monte à 105 % en PACA et 128 % en Corse.

Qualifié de "tsunami" par le directeur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de "raz-de-marée" par le ministre de la Santé Olivier Véran, la 5e vague de Covid-19 continue de progresser en France. La hausse des contaminations pèse de plus en plus sur les services de santé de l'Hexagone et les transferts de patients entre régions reprennent. De quoi alarmer les professionnels de santé.

"Nous sommes sous très forte tension. (En Ile-de-France), la marge de manœuvre (des hôpitaux) est très étroite et c'est ça qui nous inquiète. Il suffit de quelques patients en plus pour mettre en difficulté un équilibre précaire", alerte le professeur Enrique Casalino, infectiologue, directeur médical de l'hôpital Bichat à Paris, sur BFMTV.

Mercredi, 17.856 personnes étaient hospitalisées en France en raison du Covid, dont 3.469 se trouvaient en soins critiques. C'est une augmentation de 10 % en une semaine et un chiffre qui double par rapport au mois dernier.

Ces chiffres en augmentation constante depuis des mois inquiètent, notamment à Paris, où la situation est particulièrement critique. La capitale comptait 787 malades à l'hôpital pour Covid mercredi, dont 188 en réanimation. La plupart, 70 %, n'étaient pas vaccinés.

Partout en France, la tension hospitalière s'accroît, signe que la prise en charge de patients hospitalisés devient de plus en plus difficile par rapport au nombre de lits disponibles. Elle atteint 105 % des capacités en PACA, et monte jusqu'à 128 % en Corse, selon Covid Tracker.

Le retour des transferts de patients

Face à cette situation, les hôpitaux sont obligés d'avoir de nouveau recours au transfert de patients d'une région à l'autre. Les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Bourgogne-Franche-Comté sont particulièrement concernées par le départ de patients vers des régions du nord de la France, de l'ouest ou vers l'Ile-de-France, mieux équipés ou moins touchées.

"Le problème, c'est le personnel. (...) Pour ouvrir davantage de lits, il faut sacrifier des activités ", explique le professeur Enrique Casalino.

A Antibes, pour la première fois depuis presqu'un an, deux septuagénaires non vaccinés ont récemment été transférés au CHU de Lille.

"Les hôpitaux du sud de la France, particulièrement à Antibes, sont complètement pleins, surtout de personnes non-vaccinées, à 90 % au moins. C'est un afflux de nouveaux malades et la seule solution était de les transférer ailleurs, là où il y a de la place", assure Philippe Froguel, professeur de médecine et généticien au CHU de Lille à BFMTV.

La situation, déjà critique, n'est pas prête de s'améliorer, ce qui inquiète le médecin. "On peut s'attendre à ce que les transferts augmentent dans les prochains jours, mais il y a une limite à ça. Cette limite, c'est qu'avec un nombre très important de cas par jour, à la fin des fins, il risque d'y avoir une tension hospitalière partout en France", met-il en garde.

Des opérations reprogrammées

En Ile-de-France aussi, le personnel soignant s'attend à vivre des semaines difficiles. "Nous avons une très grande inquiétude que les contaminations du personnel impactent nos ressources et du coup nos capacités d'accueil des patients", reconnaît Daniel Silva, chef du service de réanimation de l'hôpital Delafontaine, en Seine-Saint-Denis, au micro de BFMTV.

Autre conséquence de la pression pesant sur les hôpitaux, des opérations, sans lien avec le Covid, sont reprogrammées à Paris. "(Il faut) limiter l'activité programmée de la semaine prochaine aux prises en charge pour lesquelles un pronostic vital est en jeu", ont demandé les autorités sanitaires franciliennes dans un communiqué.

Point positif de cette 5e vague, les hôpitaux savent déjà quels mécanismes de solidarité lancer pour soulager une part de leur personnel soignant, ce qui permet de gagner du temps.

"En Ile-de-France, il y a une solidarité entre les différentes structures, que ce soit l'assistance publique, les autres hôpitaux publics et des institutions privées. Il y a cette culture qui s'est créée depuis la première vague d'orienter des patients et de définir des typologies de patients que nous pouvons transférer vers ces sites", explique le professeur Enrique Casalino, infectiologue, directeur médical de l'hôpital Bichat à Paris.

Afin d'anticiper l'avancée du variant Omicron, différents scénarios ont par ailleurs été étudiés par l'Institut Pasteur. Pour l'instant, impossible de quantifier avec précision l'impact possible du variant sur les établissements de santé, mais la 5e vague pourrait rester "gérable" si la sévérité d'Omicron était 80 % plus faible que Delta, selon leurs résultats.

Mercredi, 208.099 nouveaux cas positifs au Covid-19 ont été détectés en France en 24 heures, un nouveau record.

Juliette Desmonceaux