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Paquet neutre: les buralistes mobilisés dans toute la France

Si la ministre de la Santé Marisol Touraine entend faire passer la mesure, étudiée dans le projet de loi Santé examiné au Sénat, les buralistes nourrissent de nombreuses craintes.

Les quelque 26.000 buralistes français se mobilisent mardi dans plus de 80 villes pour réaffirmer leur opposition au paquet de cigarettes neutre que la ministre de la Santé Marisol Touraine envisage de réintroduire dans le projet de loi de Santé. Les fumeurs interrogés par BFMTV l'assurent: non leurs habitudes de consommation ne seront pas chamboulées. Pourtant, les buralistes sont inquiets de voir, en même temps, le marché parallèle se développer et perdre leur situation.

Ainsi, plusieurs tonnes de carottes, en référence au symbole stylisé des bureaux de tabac, ont été déversées à Paris à proximité du ministère des Finances, au pied d'une large banderole clamant "supprimer les buralistes ne fera pas baisser le tabagisme". 

Le paquet neutre, "c'est une fausse bonne idée", a jugé Philippe Barier, venu manifester son mécontentement avec une centaine de personnes - comme à Toulouse - équipées pour certaines de masques blancs et déguisées pour d'autres en kangourous. "Les kangourous, c'est un clin d'oeil à l'Australie, où la mesure a été mise en place", explique-t-il".

Examen au Sénat

Le Sénat entamera le 14 septembre l'examen en séance publique du texte, dont l'un des objectifs est de lutter contre le développement du tabagisme, notamment chez les jeunes. La Confédération des buralistes a indiqué dans un communiqué que des manifestations et des sit-ins seront organisés mardi devant les préfectures.

Les sénateurs avaient supprimé le 22 juillet en commission le texte instaurant le paquet neutre. Ils ont adopté en lieu et place un amendement du sénateur PS Richard Yung qui revient à appliquer la directive européenne sur les produits du tabac. Cette dernière prévoit de faire passer l'an prochain à 65% la taille des avertissements sanitaires et des photos "choc" sur chaque face du paquet (contre 30% et 40% sur une seule face aujourd'hui) sans pour autant supprimer le logo de la marque.

"La mesure entrera donc en vigueur comme prévu"

"La ministre a annoncé que la mesure serait réintroduite par voie d'amendement dans le texte qui sera examiné en séance publique au Sénat", a réaffirmé lundi le ministère de la Santé, ajoutant que si cet amendement devait être rejeté, "le gouvernement demanderait aux députés de confirmer leur vote de première lecture en faveur de cette mesure". "La mesure entrera donc en vigueur comme prévu", a encore ajouté le ministère.

Le principe du paquet neutre? Faire baisser la consommation de tabac et donc la mortalité qui y est associée. Chaque année, en France, plus de 70.000 personnes meurent à cause du tabac. L'idée, pour Marisol Touraine, est de prendre une mesure de santé publique en limitant les effets du marketing des paquets.

La peur du paquet à 10 euros

La Fédération nationale des producteurs de tabac, qui représente environ 1.200 planteurs, redoute de son côté que le paquet neutre ne marque le début d'une "guerre des prix", dont les planteurs seraient les premières victimes. Les buralistes se mobilisent aussi contre "l'augmentation brutale du paquet à 10 euros, dont parlent certains députés".

"Un niveau de prix de l'ordre de 10 euros ne ferait que pousser plus de fumeurs à acheter leur tabac chez nos voisins, sur Internet ou dans la rue. On aurait dès lors une évidente baisse des ventes dans le réseau officiel qui ne traduirait nullement une baisse de la consommation réelle", souligne la Confédération des buralistes. 

Une harmonisation européenne

Le député PS Frédéric Barbier, qui doit rendre fin septembre un rapport sur l'avenir des buralistes, estime lui que le paquet neutre doit être une "solution européenne et pas uniquement franco-française". Il propose de "procéder à une harmonisation fiscale par le haut des prix à l'échelle européenne". "C'est le sens de la résolution européenne adoptée par l'Assemblée nationale le 8 juin 2015.

Et d'ici là, je propose un moratoire d'un an sur les prix du tabac en France", a-t-il déclaré dans un communiqué. La députée PS Michèle Delaunay, rapporteur du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2016, souhaite au contraire une hausse du prix du tabac sur trois ans pour aboutir à un paquet à 10 euros.

la rédaction avec AFP