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PACA, Ile-de-France... Ces régions où la situation sanitaire inquiète toujours

Si les indicateurs liés au Covid-19 semblent stables voire en légère baisse à l'échelle nationale, certaines régions comme l'Île-de-France ou la région PACA sont toujours sous tension.

Depuis plusieurs jours, le gouvernement fait preuve d'un certain optimisme concernant l'évolution de la circulation du virus dans le pays. Jean Castex a encore déclaré mercredi que "l'équilibre entre les différents paramètres conduisait (le gouvernement) à continuer sur sa ligne", sans reconfiner, faisant référence à la relative stabilité du taux d'incidence à l'échelle nationale. Mardi, le taux de positivité des tests s'établissait à 6,3%, en baisse continue depuis le 28 janvier (7,1%).

Jour après jour, les chiffres de l'épidémie semblent confirmer que la circulation du coronavirus n'explose pas au niveau national. Mais dans certaines régions, la situation sanitaire est encore très tendue, notamment dans le sud de la France. Plusieurs villes connaisssent ainsi de fortes tensions ces derniers jours.

En région Provence-Alpes-Côté-d'Azur (PACA) par exemple, qui connaît le taux d'incidence le plus élevé du pays, avec 359 nouveaux cas de Covid-19 pour 100.000 habitants contre 207 cas pour 100.000 habitants à l'échelle nationale, Nice et Marseille sont scrutées de près. Le taux d'occupation des lits de réanimation par des patients Covid, atteint 91% dans la région, selon l'Agence régionale de santé, contre 66% au niveau national.

· Les hôpitaux sous tension en PACA

Invité sur BFMTV ce mercredi soir, le professeur Michel Carles décrit une "situation de tension" au centre hospitalier de Nice, "avec un taux d'occupation des lits en réa très important, avec peu de places". "On fait du coup une gestion territoriale en région PACA pour trouver toutes les places nécessaires (...) car cela fait plusieurs semaines que le département des Alpes-Maritimes est l'un des plus touchés, et on a une certaine lassitude et une certaine fatigue des équipes" au sein des hôpitaux.

"Les souches des variants sud-africains et anglais sont déjà présentes dans les eaux usées de la ville de Nice, ce qui veut bien dire que les variants sont là", explique le chef du service infectiologie du CHU.

À Marseille, la situation est tout aussi préoccupante. Les analyses des eaux usées de la cité phocéenne révèlent une forte circulation du virus dans la ville.

"Il y a effectivement une augmentation du nombre de cas à Marseille", souligne Annie Levy-Mozziconacci, médecin biologiste à l'hôpital Nord de Marseille (AP-HM). "Ce qui est nouveau dans les hôpitaux, c'est que les réanimations sont saturées de sujets de plus en plus jeunes. C'est ça qui nous alerte: l'âge des patients admis à l'hôpital et en réanimation".

· Progression des variants en région parisienne

En Île-de-France, "le nombre de patients hospitalisés augmente doucement mais sûrement, de 5 à 10% toutes les semaines de façon très régulière", a mis en garde Jean-François Timsit, le chef du service de réanimation médicale et infectieuse à l'hôpital Bichat à l'antenne de BFM Paris.

Le professeur note également "une progression" du variant anglais dans les établissements hospitaliers de région parisienne, puisque "les dernières enquêtes de l'AP-HP montrent 26% de positivité au variant britannique, ce qui est plus qu'au niveau national". Selon lui, "certaines premières enquêtes locales font même état d'une positivité de l'ordre de 34%, donc une augmentation assez rapide de ce variant britannique, dont la contagiosité est d'environ 40% supérieure à celle du virus initial".

Dans les hôpitaux, "nous n'avons pas de réserves", s'est aussi alarmé sur notre antenne Gilles Pialoux ce mercredi. Le chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon à Paris fait état d'une "situation alarmante" et d'"une poussée incroyable" du variant anglais en Île-de-France. Selon lui, les clusters se multiplient dans ces établissements hospitaliers de région parisienne. En janvier au total, 18 foyers épidémiques ont ainsi été recensés dans cinq hôpitaux de la capitale: Saint-Antoine, la Pitié-Salpêtrière, Charles-Foix, Tenon et Rothschild.

La situation y est en effet tendue, avec 27.417 patients diagnostiqués Covid-19 hospitalisés ce mercredi, pas loin des pics de la première et de la seconde vagues épidémiques (33.000 à l'automne, 32.000 au printemps), un niveau qui met les équipes soignantes à flux tendu. Plus de 3300 malades se trouvaient en réanimation ce mercredi, moins que les pics de la première et de la deuxième vagues (7000 et 4900).

· Hauts-de-France: accélération de l'épidémie à Dunkerque

Plus au nord, l'épidémie s'accélère de manière "préoccupante" à Dunkerque et Gravelines, dans le département du Nord, et le variant anglais y est très présent, ont alerté mercredi les autorités sanitaires, qui organiseront la semaine prochaine "une campagne exceptionnelle de dépistage" dans le secteur.

"Le Dunkerquois et le Gravelinois connaissent depuis plusieurs semaines une accélération préoccupante de la circulation de la Covid-19. Ainsi, les taux d'incidence sur la communauté urbaine de Dunkerque et la communauté de communes des Hauts-de-Flandre (...) atteignent respectivement 485 et 424 cas pour 100.000 habitants" (contre 208 au niveau national), indique mercredi soir l'Agence régionale de Santé (ARS) des Hauts-de-France dans un communiqué. Dans ces communes, "le taux de positivité des tests atteint 10%".

Depuis la mi-janvier, les autorités sanitaires procèdent "à une recherche systématique des variants" sur les tests positifs, rapporte l'AFP. Selon des analyses effectuées lundi et mardi par un laboratoire privé, sur 1367 tests réalisés dans le Dunkerquois, 172 étaient positifs, dont 117 révélant la présence du variant britannique". Dans le Gravelinois, sur 305 tests PCR réalisés, 32 étaient positifs, dont 17 au variant anglais.

"À Dunkerque, le taux de pénétration du variant anglais est trois fois supérieur à la moyenne régionale, et six fois supérieur à la moyenne nationale", alertait dès mercredi matin le maire de la commune Patrice Vergriete sur sa page Facebook, appelant les habitants "à la plus grande vigilance".

De manière générale en France, la propagation des variants du coronavirus fait toujours peser une menace. Ces derniers jours, des cas de variant sud-africain ont été détectés dans plusieurs établissements scolaires, à Eaubonne (Val-d'Oise), Colmar, Mulhouse (Haut-Rhin) ou aux Sables-d'Olonne (Vendée), entraînant des fermetures de classes temporaires.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV