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Origines du Covid-19: l'OMS a découvert des traces du virus avant décembre 2019 en Chine

Prises d'échantillons dans un hôtel de Wuhan par des équipes de l'OMS qui enquêtent en Chine pour déterminer l'origine du coronavirus, le 6 février 2021

Prises d'échantillons dans un hôtel de Wuhan par des équipes de l'OMS qui enquêtent en Chine pour déterminer l'origine du coronavirus, le 6 février 2021 - Hector RETAMAL © 2019 AFP

Lors de leur déplacement à Wuhan, les chercheurs de l'OMS ont notamment découvert une douzaine de souches différentes existant déjà au mois de décembre 2019 dans cette ville de la province du Hubei.

L’origine de l’épidémie de Covid-19 reste bordée de mystère. Une délégation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’est rendue à Wuhan, en Chine, dans l’espoir d’obtenir un début de réponse mais leur expédition s’est soldée, la semaine dernière, par une série de déceptions et de frustrations.

S’ils continuent de penser que le Covid-19 est passé d’une chauve-souris à l'Homme par le biais d’un autre mammifère, ils ne savent toujours pas où et quand la pandémie a précisément commencé.

Mais leur déplacement dans la capitale de la province du Hubei n’a pas été vain: plusieurs éléments leur ont permis de conclure que l’épidémie était bien plus répandue qu’on ne l’imaginait en décembre 2019 à Wuhan. Sur place, l’OMS a notamment découvert plus d’une douzaine de souches différentes du virus existant déjà à cette période, révèle à CNN l'enquêteur principal de la mission, Peter Ben Embarek.

Propagation silencieuse

Grâce à l’examen d’échantillons génétiques partiels, les scientifiques de l’OMS ont pu rassembler pour la première fois 13 séquences génétiques différentes du virus SARS-COV-2 à partir de décembre 2019, au moins. Cette découverte laisse penser que le virus circulait déjà "largement à Wuhan en décembre", a affirmé Peter Ben Embarek au média américain.

La propagation avait même "probablement commencé bien avant le mois de décembre", ajoute le professeur Edward Holmes, virologue à l'Université de Sydney, en Australie.

Selon le scientifique, le virus se serait répandu durant un certain temps sans être détecté, avant l’explosion du nombre de cas à la fin de l’année 2019.

Par ailleurs, "certaines séquences génétiques proviennent des marchés et d’autres non", contrairement au postulat de départ qui établissait le premier foyer de contaminations dans un marché de la ville de Wuhan.

Vérifications supplémentaires nécessaires

Mais un point vient ternir la théorie des membres de la délégation de l’OMS. Ils ont demandé l’analyse de 92 cas présumés de Covid-19 - des patients qui présentaient des symptômes et étaient gravement malades - en octobre et novembre 2019. Ils ont été testés au mois de janvier dernier afin d’examiner la présence et le taux d'anticorps. Parmi ces 92 personnes, 67 ont accepté d'être testées et toutes se sont avérées négatives.

Pour Peter Ben Embarek, ces résultats doivent néanmoins être nuancés car aucune donnée ne permet de savoir si les anticorps générés par la maladie infectieuse peuvent subsister pendant plus d’un an dans l’organisme. Des tests supplémentaires doivent être conduits afin de vérifier leur hypothèse.

D’autant que ces 92 cas déclarés continuent d’intriguer l'enquêteur principal de la mission car, géographiquement, ils ne sont pas apparus en cluster comme cela est courant dans les flambées de maladies. Au contraire, ils étaient répartis dans toute la province du Hubei.

"Frustrations"

De nombreuses interrogations subsistent donc et les enquêteurs de l’OMS ont fait part de leur déception concernant le manque d'accès aux données brutes, notamment sur des cas antérieurs de maladies comme la pneumonie et la grippe.

"Il y a un ensemble de frustrations mais aussi d'attentes réalistes quant à ce qui est faisable dans un délai donné", a indiqué Peter Ben Embarek dans un entretien à l’AFP.

John Watson, un épidémiologiste britannique membre de l'équipe de l'OMS, a toutefois exclu que les enquêteurs puissent "trouver une preuve irréfutable" et déterminer exactement où et quand le virus est passé des animaux aux humains. C'est "vraiment très irréaliste".

Ambre Lepoivre Journaliste BFMTV