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Santé

Opioïdes: la HAS appelle les médecins à ne pas banaliser les prescriptions de ces anti-douleurs

Les opioïdes peuvent "induire une dépense physique élevée" alerte la Haute autorité de santé qui publie des recommandations sur ce médicament à destination des professionnels de santé.

Les opioïdes peuvent "induire une dépense physique élevée" alerte la Haute autorité de santé qui publie des recommandations sur ce médicament à destination des professionnels de santé. - Patrick T. FALLON © 2019 AFP

La Haute autorité de santé publie des recommandations sur la prescription des opioïdes à destination des professionnels de santé. Ces anti-douleur peuvent entraîner une addiction pouvant aller jusqu'au décès.

Alerter les médecins pour mieux prévenir les patients sur les opioïdes. La Haute Autorité de Santé vient de publier ce jeudi des recommandations aux médecins pour une "juste prescription" de ces médicaments en France, afin d'éviter une "banalisation" du recours aux antalgiques opioïdes et limiter les risques d'une éventuelle addiction.

"Utiles pour soulager les douleurs, tous les opioïdes antalgiques peuvent cependant induire une dépendance physique élevée et faire l'objet de troubles de l'usage" pouvant aller jusqu'au décès, rappelle dans un communiqué cette autorité indépendante, qui établit des "recommandations de bonnes pratiques" pour les professionnels de santé.

Dix millions de prescriptions en France en 2015

Les États-Unis ou l'Angleterre connaissent une crise sanitaire avec un nombre important de décès imputables à la consommation de ces médicaments, plus de 500.000 morts en vingt ans dans le cas américain.

"Bien qu'aujourd'hui en France la consommation des opioïdes n'atteigne pas le niveau des États-Unis ou de l'Angleterre, elle est cependant en augmentation", écrit la HAS. Près de 10 millions de Français ont eu une prescription en 2015, "chiffre qui serait en hausse ces dernières années", selon elle. En 2018, l'Observatoire français des médicaments antalgiques montraient que la consommation des opioïdes avait doublé en dix ans.

L'enjeu, selon son communiqué, est "de sécuriser l'usage des opioïdes sans en restreindre l'accès pour les patients qui en ont besoin", sur fond de "vieillissement de la population et d'augmentation des maladies chroniques qui favorise la multiplication des symptômes douloureux".

"Réduire le nombre de surdoses"

La HAS fait des recommandations détaillées pour "promouvoir le bon usage des opioïdes antalgiques et réduire le nombre de surdoses" pour chaque situation où ces médicaments peuvent être prescrits: traitement de la douleur chronique non cancéreuse, de la douleur aiguë, de celle liée au cancer ou encore chez la femme enceinte et allaitante.

"Qu'importe le type de médicament opioïde, une quantité prescrite trop importante peut s'avérer rapidement problématique", souligne-t-elle.

Face à la douleur chronique non cancéreuse, la HAS note que "les antalgiques opioïdes ne doivent être envisagés qu'en dernier recours". "Ces médicaments ne peuvent pas être prescrits pour des douleurs pelviennes chroniques ou musculosquelettiques", ni contre les migraines, précise-t-elle.

Lorsque des opioïdes sont nécessaires, elle recommande un traitement "de façon progressive, avec des réévaluations régulières en début de traitement afin d'ajuster la posologie et de surveiller l'apparition d'effets indésirables".

"Diminuer progressivement"

Au-delà de six mois de traitement continu, la HAS préconise de "diminuer progressivement le traitement voire de l'arrêter complètement" pour vérifier sa pertinence ou son dosage.

Dans ses recommandations, l'autorité aborde aussi la prévention et la prise en charge d'un trouble de l'usage des opioïdes et des surdoses, "hors contexte de prise en charge de la douleur". Elle détaille notamment les conditions de recours à la naloxone, un antidote spécifique capable de contrer une overdose d'opioïdes.

Par P.B. avec AFP