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"On perd du temps": la colère et l'impatience des médecins après la prise de parole de Castex

Le Premier ministre Jean Castex lors du point presse sur la situation épidémiologique le 25 février 2021.

Le Premier ministre Jean Castex lors du point presse sur la situation épidémiologique le 25 février 2021. - Stéphane de Sakutin

L'annonce par l'exécutif de mettre en place des concertations entre préfet et élus locaux dans les départements fortement touchés par l'épidémie ne séduit pas plusieurs professionnels de santé, qui appellent à de nouvelles mesures.

Trop peu et trop tard. Le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi soir qu'une vingtaine de départements français vont être placés en surveillance renforcée en raison de la très forte circulation du coronavirus dans ces territoires.

Une prise de parole qui survient quelques jours après l'annonce d'un confinement localisé et le week-end dans les Alpes-Maritimes, et au lendemain de l'annonce de la même mesure dans l'agglomération de Dunkerque. Cette fois pas de nouvelles restriction - du moins pour l'heure - ce qui dérange plus d'un professionnel de santé au regard de la situation sanitaire. Le gouvernement se donne jusqu'au 6 mars.

Appel à un reconfinement strict

"On va surveiller 20 départements, ça veut dire qu'on surveille pas les autres?", s'interroge le Dr Ludovic Toro sur BFMTV. Le médecin considère n'avoir "rien appris" de cette prise de parole du Premier ministre et du ministre de la Santé. Le maire UDI de Coubron estime que le gouvernement "perd du temps" en ne prenant pas la décision de reconfiner localement ces territoire alors que cela "arrivera".

Pour le professeur Gilbert Deray, chef du service nephrologie à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, la stratégie adoptée par le gouvernement de territorialiser la lutte contre l'épidémie "nous sert à dire qu'on va confiner par petit bout". Jugeant la situation "mauvaise" au regard de la pression hospitalière, Gilbert Deray s'interroge sur la direction que prend l'exécutif.

"On aurait dû faire comme l'Italie, comme la Grande-Bretagne et fermer pendant six semaines", estime encore Gilbert Deray, qui plaide pour un confinement strict mais court au lieu d'un confinement "souple" allongé sur plusieurs mois.

"La situation n'a jamais été aussi confuse"

En outre, le médecin reproche au gouvernement de ne plus s'appuyer si la situation dans les hôpitaux mais sur le taux d'incidence pour adopter ou non de nouvelles restrictions: "on est en train de jouer avec des chiffres. On confine à 750-900, on délire! À 250 déjà c'est grave ! [...] On a déplacé les curseurs pour être satisfait".

Le professeur Nicolas Bruder, qui ignore si la piste d'un vrai confinement serait la meilleure option: "la situation n'a jamais été aussi confuse. On ne sait pas bien quel va être l'effet des variants [...] comment ça va aller dans les semaines qui viennent".

Tension hospitalière sur les malades non Covid

Sur BFMTV, le chef du service réanimation à l'hôpital de la Timone confie qu'actuellement "on est en danger à la fois sur le Covid mais aussi sur les maladies 'normales' qu'on a du mal à prendre en charge actuelement".

"On a une marge de sécurité qui est très faible", témoigne pour sa part le professeur Bertrand Guidet sur notre antenne.

Le chef du service de médecine intensive et réanimation à l'hôpital Saint-Antoine à Paris estime que si un confinement strict va baisser la pression hospitalière, il ne faut pas pour autant oublier l'impact économique et psychique sur les Français mais également la seule issue de sortie possible à cette crise: la vaccination .

Hugues Garnier Journaliste BFMTV