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"On a appris de nos erreurs": l'infectiologue Karine Lacombe évoque des "progrès" face au Covid-19

Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, est l'invitée ce samedi du premier numéro de notre nouvelle émission "Le rendez-vous" de Ruth Elkrief.

Pour le premier numéro de sa nouvelle émission "Ruth Elkrief, le rendez-vous", ce samedi, notre journaliste est allée à la rencontre de Karine Lacombe, professeure de médecine et cheffe du service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine à Paris. Tandis que le nombre des contaminations monte à nouveau depuis plusieurs semaines, la praticienne a cependant voulu tracer un différenciel ferme entre la situation créée par le Covid-19 au printemps et en cette fin d'été.

Espoir autour d'un corticoïde

"Maintenant, on va dire qu’on est adulte dans la gestion et la connaissance de l’épidémie. (...) On a appris notamment de nos erreurs, donc je dirais qu’on n’est pas du tout au même stade qu’au mois de février ou au début du mois de mars", a-t-elle posé. "On est dans un doublement des gens qui arrivent en hospitalisations toutes les trois semaines à peu près mais en mars où on doublait tous les trois jours. On est dans une dynamique de croissance mais on n’est pas encore en septembre", a-t-elle ajouté.

L'hydroxychloroquine a longtemps flotté dans l'air comme un remède hypothétique au coronavirus. Mais au fil des travaux, des études, des expériences, l'étoile de la molécule semble avoir pâli. Karine Lacombe, qui n'a jamais caché ses divergences avec Didier Raoult, le grand promoteur de l'hydroxychloroquine, avance sur une autre piste:

"On a beaucoup progressé en termes de traitement : on sait par exemple que la dexamethasone, qui fait partie des corticoïdes, marche et a un effet positif sur la mortalité. On utilise maintenant de manière systématique la dexamethasone sur les patients qui arrivent à l’hôpital avec des problèmes d’oxygène."

Individualisation des soins

L'un des plus grands progrès thérapeutiques face au virus tient peut-être à l'affinement, à l'individualisation des soins, selon la professeure: "On est bien mieux pris en charge à l’hôpital. On voit tout de suite le profil de chacun et on arrive même à voir la façon dont ils vont évoluer. Et donc on personnalise la prise en charge."

Elle a illustré: "A celui-ci on va donner des corticoïdes, à celui-là on va attendre, pour celui-ci on va mettre en place une anticoagulation en plus des corticoïdes".

Cette sérénité nouvelle et ce relatif optimisme quant à la suite des opérations pour enrayer la marche de la maladie n'empêche pas la scientifique de se dire "préoccupée". De sucroît, elle suppose que le virus va s'installer dans le temps long: "On va s’inscrire dans la durée avec cette épidémie. Je ne suis pas du genre à faire des prédictions mais on en a probablement pour un an et demi, deux ans au total, à moins d’un miracle avec un vaccin mais je n’y crois pas profondément."

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV