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Santé

Octobre rose: quel dépistage pour quel niveau de risque? 


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Octobre rose s'est imposé comme un rendez-vous permettant de sensibiliser contre le cancer du sein. Son dépistage est un enjeu de santé publique car il s'agit du cancer le plus fréquent chez les femmes. Ces dernières sont invitées à participer au programme de dépistage organisé mais d'autres types de surveillance sont possibles en fonction de leurs antécédents ou prédispositions génétiques.

L'illumination de la Tour Eiffel en rose a marqué ce mercredi le lancement de la 24e campagne d'Octobre rose. Un événement dédié à la sensibilisation à la lutte contre le cancer du sein. Parmi les thèmes abordés pendant cette campagne figure notamment celui du dépistage précoce. En effet, le cancer du sein est le cancer féminin le plus diagnostiqué dans le monde et en France, avec 54.062 nouveaux cas par an.

Outre le sexe et l’âge, les facteurs de risques sont multiples: ils peuvent être d’origine hormonale et reproductive, liés aux modes de vie ou à l’environnement, mais aussi à une prédisposition génétique ou un antécédent personnel de pathologie mammaire. Chaque situation est donc unique et c'est pourquoi le médecin détermine les modalités de dépistage ou de suivi les mieux adaptées au cas de la patiente.

Selon l'Institut national du cancer (Inca), il existe trois niveaux de risque: "moyen", "élevé" et "très élevé". Il n'existe pas de niveau de risque "faible" qui dispense de tout dépistage car toutes les femmes, quel que soit leur niveau de risque, doivent réaliser un examen clinique des seins par palpation une fois par an à partir de l'âge de 25 ans. "Cet examen indolore permet de détecter une éventuelle anomalie et peut être réalisé par un généraliste, un gynécologue ou une sage-femme", explique l'Inca.

La moitié des femmes concernées participent au dépistage organisé

Le niveau de risque "moyen" comprend les femmes qui présentent les deux facteurs de risque que sont l'âge (80% des cancers du sein touchent des personnes de plus de 50 ans) et le fait d'être une femme (plus de 99% des cancers du sein touchent des femmes). En revanche, ces femmes ne présentent aucune histoire personnelle ou familiale concernant cette maladie, ni symptôme pouvant évoquer un cancer du sein.

C'est à ces dernières que s'adresse le dépistage organisé du cancer du sein, tous les deux ans à partir de 50 ans et jusqu'à 74 ans. Ces dernières sont ainsi invitées à faire pratiquer gratuitement une mammographie et un examen clinique chez un radiologue agréé. "En 2015, 51,5% des femmes âgées de 50 à 74 ans ont participé au dépistage organisé", affirme l'association Le Cancer du Sein Parlons-en. L'Inca indique que d'autres facteurs de risque pourraient jouer un rôle "mais ne justifient pas de modalités de dépistage particulières".

Il s'agit d'une densité mammaire importante après la ménopause, de la prise de traitements hormonaux (pilule contraceptive, traitement de la ménopause) et du mode de vie: tabagisme, alcool, surpoids ou obésité, pas ou peu d'activité physique. Le niveau de risque "élevé" concerne quant à lui les femmes présentant une probabilité plus importante que la moyenne d'être atteintes d'un cancer du sein.

Un test génétique pour les mutations familiales

Il s'agit de femmes "qui ont des antécédents de cancer du sein, de l'utérus et/ou de l'endomètre ou certaines affections du sein et qui ont été exposées à une irradiation thoracique à haute dose avant l'âge de 30 ans, par exemple pour le traitement d'un lymphome de Hodgkin", indique l'Inca. Ces femmes ne sont alors pas concernées par le programme de dépistage organisé même si elles ont entre 50 et 74 ans, puisqu'une surveillance spécifique leur sera proposée suivant leur situation et leur âge.

Les modalités de suivi peuvent consister à réaliser les mêmes examens de dépistage que ceux du dépistage organisé, mais débutés à un âge différent et à des intervalles plus rapprochés. Les médecins peuvent également préconiser d’autres techniques de détection en complément ou à la place de la mammographie, comme une échographie ou une IRM. Enfin, certaines prédispositions génétiques, notamment les mutations BRCA1 ou BRCA2, exposent les femmes qui en sont porteuses à un risque dit "très élevé" de cancer du sein.

L'institut Gustave-Roussy précise que "5% des cancers du sein sont réellement héréditaires et résultent d’une anomalie génétique, notamment une mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2. Ces anomalies peuvent être détectées grâce à une analyse génétique. Un suivi très spécifique est alors proposé et des mesures de prévention." Si le niveau de risque est effectivement "très élevé", les patientes font l'objet d'une surveillance clinique dès 20 ans et radiologique dès 30 ans.

Elles non plus ne sont donc pas concernées par le programme de dépistage organisé. "Dans certains cas, il se peut qu'une consultation d'oncogénétique soit également proposée à d'autres femmes de la famille proche (filles, sœurs)", conclut l'Inca. Selon la Haute autorité de santé (HAS), une femme sur 8 sera confrontée au cancer du sein au cours de sa vie en France. Mais détectée à un stade précoce, cette maladie peut toutefois être guérie dans plus de 90% des cas et donc être soignée par des traitements moins agressifs.

Alexandra Bresson