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Non, la mutation du virus ne remet pas en question l'efficacité du vaccin

Photo d'une figurine du père Noël près d'une fiole indiquant "Vaccine Covid-19" parmi des masques chirurgicaux, prise à Paris le 17 décembre 2020

Photo d'une figurine du père Noël près d'une fiole indiquant "Vaccine Covid-19" parmi des masques chirurgicaux, prise à Paris le 17 décembre 2020 - JOEL SAGET © 2019 AFP

L'apparition au Royaume-Uni d'une nouvelle variante du coronavirus, présentée comme plus contagieuse, sème l'inquiétude dans toute l'Europe. Mais les experts assurent que rien ne démontre à ce stade que cette variante résistera aux vaccins.

Quelques heures après le feu vert de l'Agence européenne du médicament ce lundi, la présidente de la Commission européenne l'a officiellement annoncé: la campagne de vaccination contre le Covid-19 débutera les 27, 28 et 29 décembre dans les 27 pays de l'UE.

Mais ces derniers jours, l'apparition d'une nouvelle variante du coronavirus au Royaume-Uni sème la panique dans le monde et fait craindre un scénario catastrophe: que cette nouvelle variante du virus soit plus résistant aux vaccins qui ont commencé à être distribués aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, et qui sont attendus dans le monde entier. Pour l'heure, ce n'est toutefois pas l'hypothèse la plus probable aux yeux des scientifiques.

"Ce variant génétique ne semble pas entraîner, à ce stade des connaissances, une gravité accrue ou une résistance au vaccin", a d'ailleurs précisé le cabinet du Premier ministre Jean Castex dans un communiqué dimanche.

Un éventail d'anticorps suffisant

Arnaud Méjean, chirurgien à l'hôpital Necker à Paris, le reconnaît volontiers au micro de BFMTV: "le vaccin n'a a priori pas été concu avec cette souche mutante". "Mais on a toutefois des arguments pour penser que dans la panoplie d'antigènes concernés, il y aura un éventail suffisant d'anticorps pour couvrir et prévenir la maladie", avance le scientifique, qui tempère en assurant que cela "doit encore être étudié de manière in vitro, en recherche clinique".

"L'idée du vaccin est que la protéine Spike dans son ensemble est montrée à votre système immunitaire, et vous apprenez donc à en reconnaître de nombreuses parties différentes", explique de son côté Emma Hodcroft, post-doctorante au biocentre de l'Université de Bâle. Du coup, "même si quelques parties changent, vous avez toujours toutes les autres parties pour reconnaître" le virus, affirme-t-elle.

Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de référence des virus respiratoires de l'Institut Pasteur, évoque quant à lui un "répertoire d'anticorps qui devrait suffire". "Rien n'indique pour le moment que cette nouvelle souche entraîne un taux de mortalité plus élevé ou qu'elle affecte les vaccins et les traitements, mais des travaux urgents sont en cours pour confirmer cela", a ajouté le médecin-chef de l'Angleterre Chris Whitty.

L'OMS et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) sont parvenus aux mêmes constats mais ajoutent aussi que des investigations complémentaires sont nécessaires. "Pour le moment, il n'existe aucune preuve suggérant que ce vaccin ne soit pas efficace contre la nouvelle variante", a déclaré lundi Emer Cooke, la directrice générale de l'Agence européenne des médicaments.

Des tests comlémentaires vont être réalisés

Les Instituts nationaux de santé américains (NIH) sont ainsi en train d'étudier cette nouvelle souche en laboratoire pour déterminer si les anticorps efficaces contre la mutation la plus commune du Covid-19 resteront efficaces contre elle, "ce qui sera très probablement leur conclusion", a noté à l'AFP Moncef Slaoui, un haut responsable américain et conseiller principal du programme de vaccination aux États-Unis.

Les tests, qui seront menés avec des anticorps prélevés sur des malades du Covid-19 guéris, des anticorps provoqués par des vaccins et des anticorps synthétiques, prendront plusieurs semaines.

L'expert américain explique également que les anticorps produits par les vaccins resteraient efficaces car ils sont conçus pour se fixer sur plusieurs zones d'une "spicule" du coronavirus, cette pointe si reconnaissable qui se trouve à sa surface et lui permet de s'attacher aux cellules humaines pour les pénétrer.

Les probabilités qu'une simple mutation du virus affecte toutes ces zones à la fois sont "très faibles", a-t-il estimé. "Mais il est impossible d'exclure qu'un jour, quelque part, un virus parvienne à échapper à la réponse protectrice provoquée par le vaccin, c'est pourquoi nous devons rester vigilants."

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV