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Santé

Moi(s) sans tabac: un quart des fumeurs a pris de bonnes résolutions

Le 1er novembre, le top départ du défi collectif  "Moi(s) sans tabac" a été donné.

Le 1er novembre, le top départ du défi collectif "Moi(s) sans tabac" a été donné. - iStock

Selon un récent sondage, le "Moi(s) sans tabac" lancé début novembre par le ministère de la Santé est une initiative largement saluée. Un Français sur deux estime qu'il représente un bon moyen d’inciter à arrêter de fumer et un quart des fumeurs compte profiter de cette campagne pour tenir cette bonne résolution.

Inspiré de l’initiative britannique "Stoptober", le "Moi(s) sans tabac" est le premier défi de santé publique jamais organisé en France. A l'origine de l'initiative, la ministre de la Santé Marisol Touraine souhaite inciter un maximum de fumeurs à arrêter de fumer pendant au moins 30 jours, à partir du 1er novembre en partant de ce constat: un mois sans tabac multiplie par 5 les chances d’arrêter de fumer définitivement.

Le ministère a pour l'occasion lancé une campagne de communication massive dès octobre à la télévision, sur Internet et dans les rues (affichages). Pour participer à l'opération, les fumeurs peuvent s’inscrire sur Tabac Info Service afin de recevoir un accompagnement personnalisé et bénéficier d'un kit d’aide à l’arrêt gratuit à retirer en pharmacie (une brochure de préparation, un agenda avec des conseils quotidiens, un disque pour calculer les économies).

Quelques jours après le lancement de l'opération, un premier sondage Odoxa réalisé pour Le Parisien montre que cette initiative est largement saluée. Un Français sur deux estime en effet que c’est un bon moyen d’inciter à l'arrêt et un quart des fumeurs (23%) compte profiter de l'appui de cette campagne.

Une source d'addiction et de conflit, mais aussi de plaisir

Les raisons qui expliquent cette bonne résolution tiennent au fait que pour tous les Français, fumeurs ou non, combattre le tabac est une cause perçue comme légitime et juste: pour plus de huit Français sur dix et pour les trois quarts des fumeurs, la cigarette est ni plus ni moins une drogue. Les sondés s'accordent également pour considérer qu'il s'agit d'un vice coûteux que la société stigmatise.

Pour les non-fumeurs, c'est en outre une source potentielle de conflit avec leurs voisins fumeurs, car si 38% d'entre eux préfèrent taire leur gêne, un sur deux fait remarquer au fumeur qu'il le gêne. Mais ce combat ne sera pas facile car cette décision est complexe étant donné que fumer est aussi considéré comme un geste qui apporte de réels avantages, aussi bien aux yeux des fumeurs que des non-fumeurs.

Une majorité d'entre eux estime en effet que le tabac est un puissant anti-stress (60% des Français et 82% des fumeurs le pensent) et une vraie source de plaisir pour ses adeptes. Combattre cette addiction n'est pas chose aisée, d'où l'importance d'opter pour des mesures efficaces. Seulement, les moyens de lutte sont très diversement appréciés par les sondés.

Les moyens de lutte ne sont pas tous appréciés

Les différentes mesures du gouvernement ne sont en effet pas considérées comme ayant la même efficacité. Si les Français n'avaient rien contre la mise en place du paquet neutre, ils n'ont jamais pensé que cette mesure pourrait avoir un fort impact. Ils sont maintenant trois quarts, dont 85% de fumeurs à considérer qu'elle n'a aucune efficacité.

Mais la hausse du prix du paquet ne recueille pas un tel niveau de défiance. Un fumeur sur deux déclare qu'il arrêterait de fumer si le paquet passe au prix symbolique de 10 euros, une proportion qui atteint six fumeurs sur dix auprès des jeunes fumeurs.

"Le différentiel de perception entre les deux mesures montre que les Français croient davantage aux mesures dures plutôt que soft. On pourrait imaginer que la campagne subirait un accueil mitigé dans l'opinion. Il n'en est rien, bien au contraire, explique Gael Simon, président d'Odoxa. Même si tous les postulants actuels ne franchiront peut être pas le cap, ce potentiel est évidemment très important".

La Grande-Bretagne bonne élève

Le sondage montre bien que pour être véritablement efficace, la campagne "Moi(s) sans tabac" doit s'accompagner, comme le recommande l'Inpes*, d'autres mesures. Il faudrait mixer des actions sur le packaging pour limiter l'envie de fumer des plus jeunes et avec une augmentation du prix du tabac, mesure considérée comme la plus efficace par les Français dont les fumeurs, mais qui fait débat à chaque annonce.

C'est qui a été fait en Grande-Bretagne ce qui explique que le taux de tabagisme du pays atteint 17%, selon le National Health Service (NHS), alors que celui de la France stagne à 34% d'après l'Inpes. Car outre la campagne "Stoptober" lancée en 2012, le pays se singularise aussi de la France en affichant un prix du paquet plus élevé que la barre symbolique des 10 euros, 10,80 euros contre environ 7 euros dans l'hexagone.

*Institut national de prévention et d'éducation pour la santé 

Alexandra Bresson