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Masque anti-pollution: attention à bien faire son choix

La pollution de l’air représente un risque environnemental majeur pour la santé.

La pollution de l’air représente un risque environnemental majeur pour la santé. - iStock - diego cervo

Des chercheurs mettent en garde contre l'utilisation de certains masques anti-pollution, dont l'efficacité contre les particules fines ne serait pas démontrée, alors que celles-ci sont considérées comme les plus dangereuses pour la santé.

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C'est un accessoire que l'on voit beaucoup sur les visages de personnes vivant dans des zones très polluées. Les masques anti-pollution sont utilisés pour se protéger contre les particules fines, émises notamment par les voitures, et de leurs effets nocifs sur la santé (maladies respiratoires et cardiovasculaires, allergie).

Mais ces derniers ne se montrent pas tous aussi efficaces qu'il ne le faudrait, explique une étude menée par des chercheurs de l'University of Massachusetts. Résultat: beaucoup d'utilisateurs ressentiraient un faux sentiment de sécurité, en particulier dans les zones très polluées. L'étude est la première à tester rigoureusement les masques chirurgicaux jetables et les masques en tissu lavable, les plus utilisés pour une protection personnelle dans les lieux à risque, notamment en Asie.

Les chercheurs ont examiné de plus près la qualité des masques utilisés à Katmandou (Népal), une ville connue pour sa mauvaise qualité de l'air qui amène de nombreux habitants à se protéger de cette façon. Quatre types de masques ont été testés sur un mannequin: un masque chirurgical, deux masques en tissu et un masque en tissu de forme conique avec des valves de ventilation.

Une protection peu efficace contre l'exposition au diesel

Pour évaluer leur capacité de filtrage, le mannequin a été exposé à cinq tailles différentes de particules d'origine industrielle et trois tailles de particules issues de gaz d'échappement d'un moteur diesel. Les meilleurs résultats ont été réalisés par le masque en tissu avec les valves de ventilation, qui a supprimé 80% à 90% des particules industrielles et 57% de celles des gaz d'échappement diesel.

Quant aux autres masques en tissu, ils étaient "à peine bénéfiques" en ce qui concerne la protection des particules inférieures à 2,5 micromètres, considérées comme les plus nocives pour les poumons. Ces masques les plus abordables n'offriraient en effet qu'une protection limitée contre les particules standard, allant de 40% à 65%. Plus la taille des particules était fine, moins ils se montraient performants.

Les chercheurs ont constaté que le masque en forme de cône et le masque chirurgical se montraient plus efficaces car ces derniers pouvaient mieux s'ajuster et "serrer" le visage que les masques en tissu classiques. "Malheureusement, les deux types de masque les moins efficaces sont moins coûteux et réutilisables, et sont très utilisés dans les pays en développement", précisent les chercheurs.

Comment se protéger efficacement?

Ces derniers ne veulent pas pour autant déconseiller de ne plus les utiliser, mais concluent que si "les masques en tissu réduisent l'exposition dans une certaine mesure", ces produits couramment utilisés "offrent des résultats médiocres par rapport aux autres options disponibles sur le marché".

"Ce qui est devenu clair, c'est que des millions de personnes portent ces masques et se sentent en sécurité mais nous craignons que cela ne fasse qu'empirer les choses, si elles se tiennent à côté d'un camion diesel en pensant qu'elles sont protégées", souligne Richard Peltier, principal auteur de l'étude.

En France, les masques anti-pollution ont fait leur apparition il y a quelques années, disponibles dans le commerce et sur Internet. Mais de l'aveu même de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), leur protection est relative.

"Seules les plus grosses particules transportées dans l'air sont stoppées par les masques chirurgicaux et les foulards plaqués sur le nez et la bouche. Or, ce ne sont pas les plus grosses particules qui sont le plus dangereuses pour la santé, ce sont les particules fines", explique-t-elle.

Le meilleur moyen de se protéger réside dans quelques précautions simples comme éviter les efforts soutenus en plein air, ne pas utiliser son véhicule et continuer à ventiler son logement aux périodes de la journées les moins polluées (tôt le matin ou tard le soir, quand le trafic routier est moins dense).

Alexandra Bresson