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Santé

Marseille : quand les dealers livrent la drogue à domicile

Résine de cannabis. Pour une course d’un montant minimum de 30 euros de drogue, principalement haschich ou cocaïne, les dealers envoient désormais des livreurs en scooter ou en voiture pour alimenter leurs clients.

Résine de cannabis. Pour une course d’un montant minimum de 30 euros de drogue, principalement haschich ou cocaïne, les dealers envoient désormais des livreurs en scooter ou en voiture pour alimenter leurs clients. - -

La pression policière porte ses fruits à Marseille, où plusieurs réseaux de trafic de drogue ont été démantelés ces derniers mois. Mais les trafiquants s’adaptent, et pour contourner les dispositifs policiers, certains n'hésitent pas à livrer directement leurs clients.

On livre bien des pizzas, pourquoi pas de la drogue ? C’est ce que se sont dits les dealers marseillais, soumis ces derniers mois à une forte pression policière qui gêne leurs trafics. A Marseille, la police multiplie en effet les initiatives depuis six mois pour lutter contre les trafics de stupéfiants. Notamment à travers les « opérations globales », c'est à dire l’installation en permanence pendant quatre à cinq semaines de CRS au pied de certaines cités ciblées, où des réseaux viennent d’être démantelés. C’est le cas actuellement à la cité de la Castellane où 1,3 millions d’euros ont été saisis dernièrement. Ces opérations globales ont permis depuis décembre 2012 d’investir 18 cités et d’interpeller 1 000 personnes dont un tiers pour trafic de stupéfiant.

Livraison dans des endroits festifs ou à domicile

Face à cette pression, les dealers s’adaptent et commencent à développer la livraison à domicile pour pallier aux réticences des acheteurs qui craignent les contrôles. Selon nos informations, pour une course d’un montant minimum de 30 euros de drogue, principalement haschich ou cocaïne, les dealers envoient désormais des livreurs en scooter ou en voiture qui effectuent une sorte de tournée dans laquelle ils donnent rendez-vous aux acheteurs dans des lieux convenus ensemble. Il s’agit souvent d’endroits festifs fréquentés par beaucoup de monde, mais cela peut tout aussi bien se faire sur des parkings ou même à domicile.

« Sur l'aspect reconquête du territoire, c'est un progrès »

« C'est effectivement un phénomène que l'on commence à constater dans plusieurs cités, confirme Fabrice Gardon, en charge des Opérations globales à la préfecture de police des Bouches-du-Rhône. (Les trafiquants) sont gênés pour vendre parce qu'on coupe le lien physique entre l'acheteur et le vendeur : quand les CRS sont présents dans la cité l'acheteur ne peut plus venir jusqu'à son dealer au pied de l'immeuble, donc ce sont les dealers qui sortent de la cité pour aller livrer les clients. Encore une fois, le trafic de drogue continue, on ne s'en satisfait pas, et les services d'enquête continueront leur travail pour harceler tous ces réseaux. Mais sur l'aspect reconquête du territoire - parce que le but c'est vraiment d'améliorer la vie des gens qui vivent dans ces quartiers - on peut considérer que c'est un progrès ».

Philippe Gril avec Lionel Dian