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Santé

Marseille : de l’amiante dans les cités

Une plainte a été déposée en mai 2010 par des habitants de la cité de la Savine à Marseille qui se plaignent de problèmes respiratoires liés à l'amiante présente dans les immeubles.

Une plainte a été déposée en mai 2010 par des habitants de la cité de la Savine à Marseille qui se plaignent de problèmes respiratoires liés à l'amiante présente dans les immeubles. - -

On connaissait le scandale de l’amiante et les maladies professionnelles, la polémique pourrait maintenant toucher les particuliers. A Marseille, dans la cité de la Savine, 500 habitants ont porté plainte contre X en mai dernier après la découverte d’amiante dans des joints de cloison.

« Non assistance à personne en danger », « mise en danger de la vie d’autrui », tels sont les motifs de la plainte déposée en mai 2010 par des habitants de la cité de la Savine à Marseille qui se plaignent de problèmes respiratoires liés à l'amiante présente dans les immeubles. De son côté, le bailleur conseille de ne pas effectuer de travaux mais assure également que la quantité d’amiante découverte ne présente pas de danger.

«Chaque personne doit faire l’objet d’une expertise médicale»

Pour l’avocat des plaignants, Maître Victor Gioia, l’état de délabrement des logements, rongés pour certains par l’humidité et la moisissure, peut laisser craindre une dangereuse dispersion des fibres d’amiante depuis très longtemps. « Lorsque ces personnes passent leurs vies à entretenir des logements qui s’effritent, qu’elles balayent, que les enfants apprennent à marcher, marchent à quatre pattes, les personnes âgées qui ne sortent pas de leur logement qui sont en contact avec ces particules. On peut considérer là qu’il y a une exposition qui est comparable à celle d’un homme qui côtoie dans le cadre de son activité professionnelle ce produit mortel. Aujourd’hui le parquet est saisi et prend cette affaire au sérieux. Chaque personne doit faire l’objet d’une expertise médicale. Il faut un bilan extrêmement précis et complet. »

«J’ai peur d’aller chez le docteur pour faire une radio des poumons»

De son côté Mina, mère de famille qui habite dans la cité, dans un appartement humide que le bailleur lui propose de quitter pour la reloger ailleurs, est persuadée d’avoir respiré de l’amiante pendant des années : « C’est sûr. On nous interdit de mettre un cadre sur le mur. Alors un cadre c’est un petit clou. Si un petit trou c’est interdit qu’est ce que je respire tous les jours ? La salle de bain de la voisine fuit, l’eau coulait chez moi jusqu'à ce que le mur tombe. J’ai très peur. J’ai même peur d’aller chez le docteur pour faire une radio des poumons. J’ai peur qu’il me dise que j’ai cette maladie des poumons. J’ai peur je suis angoissée. Je tousse, qu’il me dise que j’ai une bronchite ce n’est pas grave mais qu’il me dise : "Madame vous êtes atteinte des poumons", j’ai peur. Je n’y vais pas chez le docteur, j’ai peur ».

«Oui, ils ont peut-être respiré des fibres d’amiante»

La Logirem, le bailleur social, a prévu dans l’urgence d’effectuer des travaux dans les appartements les plus touchés par les infiltrations et envisage d’ici une dizaine d’années de détruire et reconstruire une partie de la cité. En attendant, la société assure que la présence d’amiante dans les joints de cloison était inconnue jusqu’en 2010.
Françoise Mesliand est responsable du pôle renouvellement urbain de la Logirem. Que répond-elle aux inquiétudes des habitants ? « La question légitime qu’ils nous posent c’est : "quand moi j’ai fait des travaux par le passé ai-je respiré des fibres d’amiante ?" Oui, ils ont peut-être respiré des fibres d’amiante en faisant des travaux dans leur logement. En revanche ce que disent les experts que nous avons consulté c’est que le nombre de fibres qu’ils ont pu respirer n’est pas de nature à leur faire courir un gros risque puisque l’essentiel des maladies liées à l’amiante sont des maladies qui touchent des gens qui ont énormément respiré d’amiante donc essentiellement les travailleurs de l’amiante. »

La Rédaction