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Maltraitance dans un abattoir: les employés sont "le bras armé de nos porte-monnaie", juge L214

L'association de protection animale L214 a diffusé ce mardi une nouvelle vidéo choc d'actes de cruauté envers des animaux, filmée cette fois dans un abattoir du Pays basque. Brigitte Gothière, porte-parole de L214, a détaillé sur BFMTV les changements réclamés par son organisation pour empêcher de tels agissements.

L'association L214 a réussi à s'infiltrer dans un abattoir des Pyrénées-Atlantiques. L'organisation a diffusé, ce mardi, des images choquantes d'actes de maltraitance sur des animaux, tournées en caméra cachée. Les employés concernés ont été mis à pied et le maire de Mauléon-Licharre a demandé la fermeture de l'établissement implanté sur sa commune. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a également ordonné des inspections dans l'ensemble des abattoirs de France. Invitée mardi sur BFMTV, Brigitte Gothière, la porte-parole de L214, a demandé des mesures concrètes pour lutter contre le phénomène. 

"Un film d'horreur"

La militante tient d'emblée à préciser qu'elle estime que cette cruauté est le fait de tous. Selon elle, les employés ne sont que "le bras armé de nos porte-monnaie." Certaines images, obtenues dans des conditions que l'activiste ne dévoilera pas pour protéger les sources, sont insoutenables comme lorsqu'on aperçoit des animaux reprendre conscience. "On voit des veaux avoir la tête commencée à être découpée alors qu'ils ne sont pas encore morts", décrit-elle. On voit aussi cet agneau écartelé encore vivant parce qu'il y a une erreur sur la chaîne.

Brigitte Gothière confie qu'un directeur lui avait dit, il y a quelques années: "Je ne vous laisse pas filmer dans la salle d'abattage, vous en feriez de toute façon un film d'horreur". C'est la troisième fois que l'association publie des vidéos similaires, après celles des abattoirs d'Alès et du Vigan. "Ces images ne sont pas exceptionnelles. La souffrance des animaux est toujours présente au moment des mises à mort. L'exception, c'est d'avoir accès aux images", déplore Brigitte Gothière.

Des inspections ont déjà lieu tous les jours

L214 ne pense pas que les inspections ordonnées dans l'ensemble de la France par Stéphane Le Foll seront efficaces. Cela va simplement rassurer, croit-elle, les consommateurs qui ont envie de penser qu'ils achètent de la viande d'animaux traités dignement. La porte-parole souligne que des inspections ont déjà lieu tous les jours. Lorsque les services vétérinaires "sonnent à la porte d'entrée, vous croyez que les gars vont utiliser le crochet lorsqu'il y a quelqu'un qui les regarde", doute-t-elle. 

Pour obtenir des résultats, l'association demande la transparence. Elle veut pouvoir consulter les documents administratifs et accéder aux abattoirs de façon inopinée et non de façon annoncée. Elle demande également l'installation de caméras et l'accès aux vidéos. Brigitte Gothière regrette que l'article L214-1 du Code rural soit "joli et bien décoratif, il reconnaît pour la première fois que les animaux sont sensibles en 1976, on est en 2016, et voilà ce qu'on peut filmer dans les abattoirs!" 

L214 rêve d'un monde où on ne met pas à mort, ou on ne maltraite pas les animaux simplement pour le plaisir de les manger. "Il n'y a pas de nécessité nutritionnelle à le faire. Cela pose de vraies questions mais c'est un débat qu'il est nécessaire d'avoir", assure-t-elle.

Elise Maillard