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Maladie de Parkinson: un implant pourrait permettre aux malades de marcher à nouveau normalement

Des chercheurs ont réussi à corriger les troubles de la marche chez un homme atteint de la maladie de Parkinson. Photo d'illustration.

Des chercheurs ont réussi à corriger les troubles de la marche chez un homme atteint de la maladie de Parkinson. Photo d'illustration. - AFP

Environ 80% des malades de Parkinson à un stade avancé développent des troubles de la marche. Un implant permettrait d'enrayer le problème, comme l'expliquent des chercheurs à l'issue d'une expérimentation qui nécessite d'être corroborée.

Une "percée majeure" dans le traitement d'un symptôme de la maladie de Parkinson? Ce lundi 6 novembre, trois chercheurs francophones publient les résultats d'une expérimentation dans la revue Nature Medicine. Les neuroscientifiques français et suisses auraient trouvé une méthode permettant de corriger les troubles de la marche chez les malades. Et ce, grâce à un implant.

Parkinson, connue notamment pour provoquer des tremblements chez les personnes touchées, est une maladie neurodégénérative qui endommage lentement certaines régions du cerveau.

Dans 80 à 90% des cas, lorsque la maladie arrive à un stade avancé, elle génère des troubles de la marche qui "résistent souvent aux traitements actuellement disponibles", comme le résument les spécialistes dans un communiqué.

Plus particulièrement, les malades perdent en fluidité, risquent de chuter, ou connaissent du "freezing", "quand les pieds restent collés au sol pendant la marche".

"Ce sont effectivement des symptômes qui altèrent la vie quotidienne des patients", résume auprès de BFMTV Erwan Bezard, directeur de recherche à l'Inserm, à l'institut des maladies neurodégénératives du CNRS et de l’Université de Bordeaux.

Un morceau de plastique

Jusqu'à présent, les traitements utilisés contre les symptômes de la maladie de Parkinson ne permettaient pas de lutter contre cet aspect. Les chercheurs se sont donc plutôt tournés vers une technique qui a fait ses preuves et permet de rétablir la marche après une paralysie due aux lésions de la moelle épinière.

"On s'est dit qu'on pourrait peut-être appliquer ces mêmes concepts pour améliorer la marche chez les personnes qui souffrent de la maladie de Parkinson", raconte Grégoire Courtine, professeur en neurosciences à l'EPFL et au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Un travail de recherche engagé dès 2009.

Comment ça marche? Un implant résumé par les chercheurs comme "un morceau de plastique avec des électrodes dessus" est glissé sur le bas de la moelle épinière, la partie qui contrôle les jambes.

Son fonctionnement "ressemble beaucoup à un pacemaker cardiaque", souligne Jocelyne Bloch, neurochirurgienne à Lausanne, professeure au CHUV. En clair, il envoie des petites décharges électriques pour stimuler le fonctionnement des jambes. Le malade contrôle cependant le contrôle volontaire de ses actions.

"(Le patient) a un petit boîtier. Il appuie sur un bouton et ça déclenche la stimulation, il peut choisir différents programmes (...) Une fois qu'il a allumé la stimulation, il n'a plus à y penser", ajoute Grégoire Courtine.

Une première expérimentation concluante

Cet implant a déjà été utilisé une première fois chez Marc, un patient âgé de 62 ans, vivant avec la maladie depuis trois décennies. Il a été opéré il y a deux ans à Lausanne pour être équipé de cette nouvelle neuroprothèse.

Après une rééducation de quelques semaines, Marc a retrouvé une marche presque normale. Au point de pouvoir faire seul des balades de 6km le long du lac Léman. Un résultat "spectaculaire" tant par son efficacité que sa rapidité qui a ébahi les chercheurs. Les effets secondaires semblent limités, le patient disant ressentir parfois des "fourmillements qui ne sont pas désagréables", comme le rapporte Jocelyne Bloch.

"Cela fait deux ans qu'on a implanté le patient qui a toujours un bénéfice net alors que sa maladie progresse, la maladie de Parkinson étant une maladie lentement progressive", ajoute-t-elle.

Un résultat à consolider

Le cas de Marc est plus qu'encourageant. Mais cet unique résultat nécessite d'être corroboré par d'autres expérimentations et la publication d'études supplémentaires. Les chercheurs espèrent multiplier les tests pour conforter leurs résultats, et dès l'année prochaine, six nouveaux patients seront ainsi implantés.

On n'arrête pas le progrès : Des innovations pour aider les patients atteints de la maladie de Parkinson - 11/04
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Ces nouveaux tests permettront d'être "encore plus précis" dans la connaissance de l'étendue des bénéfices de ce dispositif. "Deux études sont prévues, on peut donc espérer une mise à disposition des patients dans la vie réelle d'ici 4 à 5 ans", espère Erwan Bezard.

Au-delà du traitement des personnes atteintes de Parkinson, les chercheurs émettent l'hypothèse d'un traitement utilisé pour d'autres pathologies entraînant des troubles de la marche. Mais sur ce point, "il ne faut pas brûler les étapes ni offrir de faux espoirs", indique avec précaution le directeur de recherche à l'Inserm.

Caroline Dieudonné avec Tom Kerkour