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Maladie d'Alzheimer: un indicateur important pour les formes précliniques découvert

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Une étude conduite par l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière met en évidence que la faible perception du déclin cognitif chez les patients pourrait constituer un marqueur spécifique dans les formes précliniques de la maladie d’Alzheimer. Une donnée qui pourrait donc favoriser le dépistage de cette maladie neurodégénérative à un stade précoce.

La maladie d'Alzheimer se traduit par des troubles de la mémoire, de l'exécution de gestes simples, de l'orientation dans le temps et l'espace ainsi que des fonctions cognitives, en raison de la dégénérescence des neurones du cerveau. Nommé "déclin cognitif subjectif", ce symptôme pourrait être un marqueur précoce de la maladie d’Alzheimer, qui appartient au groupe des maladies appelées "démences", ou de bien d’autres choses.

En effet, la Fondation Vaincre Alzheimer précise qu'il est important de faire la différence entre les troubles de la mémoire liés à la maladie d’Alzheimer et ceux dus à un vieillissement normal. Il faut ainsi distinguer la "vraie" maladie de la mémoire de la "fausse". Car dans le cas de la maladie d'Alzheimer, le patient oublie ses propres oublis mais dans le cas des autres troubles de la mémoire, le patient sait qu'il présente des pertes de mémoire.

Ainsi, les chiffres de l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM) montrent que près de 52% des personnes entre 70 et 85 ans se plaignent de troubles cognitifs alors que la maladie d’Alzheimer ne touche que 2 à 8% des personnes sur cette tranche d’âge. Au-delà des troubles dont se plaignent les individus, la conscience qu’ils en ont est donc également essentielle et pourrait de fait constituer une piste pour un diagnostic précoce comme l'indiquent les experts de cet institut dans une récente étude.

Ceux qui n'ont pas conscience de leurs troubles plus à risque ?

Dans ces travaux, les chercheurs se sont intéressés au lien entre le déclin cognitif subjectif ou la perception qu’ont les sujets de leurs troubles, et la présence de signes objectifs de la maladie d'Alzheimer grâce à un examen de neuroimagerie. Cette étude s’est déroulée au sein d'une cohorte composée de 318 sujets sains à risque de développer la maladie et se plaignant de troubles de la mémoire.

Pour cela, les chercheurs ont combiné les résultats de six questionnaires d’évaluation du déclin cognitif subjectif, constitués de tests cognitifs, avec la détection de marqueurs spécifiques de la maladie d’Alzheimer comme une accumulation de la protéine bêta amyloïde ou l’atrophie de l’hippocampe. Ils ont également développé un score de la perception du déclin cognitif qui représente le rapport entre la façon dont le sujet perçoit ses troubles cognitifs et la façon dont ils sont perçus par l’entourage.

Les résultats montrent qu'il n'y a pas de corrélation entre les scores obtenus aux questionnaires sur le déclin cognitif subjectif des patients et les marqueurs de la maladie d’Alzheimer après un examen de neuroimagerie. En revanche, les chercheurs ont pu mettre en évidence que les individus qui avaient le moins conscience de leurs troubles cognitifs présentaient globalement plus de signes objectifs de la maladie d’Alzheimer.

"Ces résultats indiquent donc que le déclin cognitif subjectif ne peut être considéré comme un symptôme spécifique d’un stade très débutant de la maladie d’Alzheimer, alors que la faible perception de leurs troubles par les individus pourrait représenter un indicateur spécifique précoce de la maladie.", concluent les chercheurs. Une découverte qui a son importance pour la prise en charge clinique des patients et dans la mise en place de futurs essais.

Dépister la maladie d'Alzheimer à un stade précoce est en effet un vrai enjeu car cette dernière est très peu ou pas visible et ce n'est qu'après des mois, voire des années que surviennent les premiers troubles apparents.

Alexandra Bresson